Au centre, le général Augusto Pinochet, à la tête du coup d’Etat du 11 septembre 1973 au Chili. Photo prise en 1983. ©Getty - Collection : Gamma-Rapho / ILA AGENCIA
Au centre, le général Augusto Pinochet, à la tête du coup d’Etat du 11 septembre 1973 au Chili. Photo prise en 1983. ©Getty - Collection : Gamma-Rapho / ILA AGENCIA
Au centre, le général Augusto Pinochet, à la tête du coup d’Etat du 11 septembre 1973 au Chili. Photo prise en 1983. ©Getty - Collection : Gamma-Rapho / ILA AGENCIA
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Dans la foulée du 11 septembre 1973, les Chiliens observent que la dictature militaire d’Augusto Pinochet s’installe. L’oppression de la population aussi. Une vie sous la peur, la terreur.

Dans chaque saison, la collection de podcasts originaux, "Ils l'ont vécu", raconte en 4 épisodes une journée qui a fait basculer l’histoire. Un récit en archives et avec les témoignages de celles et ceux qui ont vécu ce jour-là.

Le chanteur chilien, Angel Parra, raconte le quotidien de l’époque : l’armée du pays qui entre dans les maisons à 5 h du matin et qui entraîne des arrestations et la mort de Chiliens en raison de leurs idées politiques.

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Cauchemars du Chili

La Compagnie des auteurs

58 min

Des Chiliens ciblés pour leurs idées, des artistes morts pour l’exemple

Angel Parra était lui-même détenu dans le stade national de Santiago. Il se souvient du moment où son nom a résonné dans les haut-parleurs du stade (il était appelé pour un interrogatoire) et de l’ovation par les 10 000 prisonniers que cet appel a suscitée : des artistes de renom étaient déjà morts. C’était le cas du poète et écrivain Pablo Neruda (Prix Nobel de Littérature en 1971, également membre du Parti communiste), dont la mort a été annoncée le 23 septembre 1973 - douze jours seulement après le coup d’État. Officiellement, l'écrivain est mort d’un cancer de la prostate, mais dans le contexte, l’hypothèse de l’empoisonnement est rapidement évoquée.

D’après Luis Briceño, journaliste, fils de militants de l’Unité populaire, la population savait ce qui se passait au stade national. Il rappelle aussi que celles et ceux qui se sont rendus à l’enterrement de Pablo Neruda ont fait acte de résistance : c'était une manifestation de courage dans le contexte des arrestations du régime de Pinochet.

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Entretien avec Angel Parra

La Grande table (2ème partie)

34 min

“Faire un ennemi de celui qui n’en est pas un”

Guillermo Torres, 23 ans à l’époque, athlète et reporter dans un journal communiste, fait partie des détenus du stade national de Santiago. Il se souvient de l’absurdité de se trouver face à des militaires qui étaient le fils d’amis, de voisins... “Dans ce moment-là, on comprend à quel point l’obligation ou l’obéissance aveugle peut être néfaste, dit-il. On sentait ce truc monstrueux, cette absurdité, de faire un ennemi celui qui n’en était pas un. Et sur quelle base ? Juste parce que c’était l’autre qui avait une arme dans les mains.”

Ce type de situation était exceptionnel, mais pouvait arriver. Pour y remédier, les soldats de Santiago avaient été envoyés à l’extrême sud ou l’extrême nord du pays pour qu’il n’y ait justement pas ce type de relation humaine entre un soldat et un prisonnier. Pour que chacun ait affaire à un inconnu.

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Le Chili a-t-il jugé tous les crimes de la dictature de Pinochet ?

Les Enjeux internationaux

10 min

L’enceinte du stade, la mémoire de la torture

Entre le 11 septembre 1973 et le 7 novembre 1973, le stade national du Chili a été utilisé comme camp de torture et de mort. Plus de 8 000 prisonniers politiques y ont été détenus sans aucune forme de procès.

Juste avant son suicide, le 11 septembre 1973, Salvador Allende déclare : “Ils ont la force, ils pourront nous asservir, mais nul ne retient les avancées sociales avec le crime et la force. L’histoire est à nous, c’est le peuple qui l’écrit.”

Augusto Pinochet installé au pouvoir, il exportera la terreur dans les pays voisins : Argentine, Brésil, Bolivie, Paraguay, Uruguay. C’est ce qu’on appellera le “plan Condor”, visant à éliminer tous les opposants aux dictatures.

Intervenants de cet épisode :

  • Angel Parra, chanteur chilien
  • Luis Briceño, journaliste, fils de militants de l’Unité populaire
  • Jose Manuel, habitant de Santiago
  • Guillermo Torres, sportif et reporter dans un journal communiste à l’époque, détenu au stade de Santiago
  • Rodrigo Gomez Rovira, photographe chilien

Sources archives sonores de cet épisode :

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