Ressources minières : les dilemmes de l’extractivisme : épisode • 3/4 du podcast Chili, les fractures d’une nation

Aerial view of brine ponds and processing areas of the lithium mine of the Chilean company SQM (Sociedad Quimica Minera) in the Atacama Desert, Calama, Chile, on September 12, 2022. ©AFP - MARTIN BERNETTI / AFP
Aerial view of brine ponds and processing areas of the lithium mine of the Chilean company SQM (Sociedad Quimica Minera) in the Atacama Desert, Calama, Chile, on September 12, 2022. ©AFP - MARTIN BERNETTI / AFP
Aerial view of brine ponds and processing areas of the lithium mine of the Chilean company SQM (Sociedad Quimica Minera) in the Atacama Desert, Calama, Chile, on September 12, 2022. ©AFP - MARTIN BERNETTI / AFP
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Du salpêtre au cuivre, le Chili a poursuivi son développement selon le modèle de l’extractivisme, au détriment de son environnement et de son autonomie économique. Aujourd’hui, le pays fait face à la convoitise que suscitent ses réserves en lithium, les plus grandes du monde.

Avec
  • Mathilde Allain Maîtresse de conférence à l'IHEAL (Institut des Hautes Etudes d'Amérique Latine), chercheuse au CREDA (Centre de recherches d’études et de documentation sur les Amériques)
  • Antoine Maillet Enseignant en science politique à l'Université du Chili (Faculté de Gouvernement) et chercheur au Centre d'études du conflit et de la cohésion sociale COES
  • Caroline Stamm Professeure assistante en urbanisme et aménagement d’espaces à l’Université catholique du Chili

Il y a eu les mines d’or et d’argent, le salpêtre et le cuivre. Les villes poudrées par le poison, les enfants qui tombent dans les pommes, les écoles qu’il faut fermer, les hommes dits "verts" parce que quand ils se faisaient opérer, les chirurgiens découvraient qu’ils étaient verts à l’intérieur. Des années durant, le Chili a extrait de ses montagnes et de son désert d’Atacama une partie de la matière nécessaire à une planète avide.

Aujourd’hui, l’or chilien a un nouveau nom, cet or blanc qui fait désormais rouler les voitures et s’allumer les téléphones portables : le lithium. Minerai du futur peut-être, mais avec toujours les mêmes mines, leurs monts et leurs cratères, leurs terrils et leurs fosses.

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Que ce soit en démocratie ou en dictature, sous la gauche ou la droite, le modèle de l’extractivisme n’a jamais été remis en cause. Aujourd’hui, le président Gabriel Boric veut voir le Chili devenir le premier producteur mondial de lithium, tout en défendant un discours assez nouveau sur la préservation de l’environnement. Il a également fait en avril des annonces sur l’exploitation de ce minerai qui a laissé penser à une future "nationalisation" du lithium, pour financer des réformes sociales.

Le Chili peut-il tout à la fois bénéficier de la manne économique que représente le lithium sans s’abîmer davantage ? Peut-il se contenter d’être un pays exportateur de matière première ? Le Chili peut-il sortir du modèle économique de l’extractivisme ?

Focus - Les "zones sacrifiées" : Quintero et Puchuncavi, un cas emblématique ?

Aerial view of the AES Gener thermoelectric plant in Puchuncavi, Valparaiso region, Chile, on October 1, 2019.
Aerial view of the AES Gener thermoelectric plant in Puchuncavi, Valparaiso region, Chile, on October 1, 2019.
© AFP - PABLO COZZAGLIO / AFP
  • Caroline Stamm, Professeure assistante en urbanisme et aménagement d’espaces à l’Université catholique du Chili.

Régulièrement, les classes des écoles de Quintero et Puchuncavi ferment. Les élèves se plaignent de nausées, de maux de têtes et de fourmis dans les jambes. Les habitants constatent également des marées noires. Dans les années 50, ce petit port de pécheurs, situé à 160 km au nord-ouest de Santiago, accueille un large complexe industriel. Les habitants vivent depuis à proximité des centrales électriques à charbon, des turbines, des fonderies de cuivre, des cimenteries, des raffineries et autres industries. Cette zone est considérée comme une "zone sacrifiée", au même titre que quatre autres régions au Chili, et fait l’objet d’un plan de dépollution. En 2022, Gabriel Boric décide de la fermeture de la fonderie de l’entreprise publique Codelco. Aujourd’hui, le "Tchernobyl chilien", baptisé ainsi par l’ONG Greenpeace, continue de faire l’objet de mobilisations, en particulier de femmes.

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