Affaire Pegasus : la nouvelle ère de l’espionnage

Emmanuel Macron, le 28 juin 2022 au château d'Elmau, dans le sud de l'Allemagne. ©AFP - LUDOVIC MARIN
Emmanuel Macron, le 28 juin 2022 au château d'Elmau, dans le sud de l'Allemagne. ©AFP - LUDOVIC MARIN
Emmanuel Macron, le 28 juin 2022 au château d'Elmau, dans le sud de l'Allemagne. ©AFP - LUDOVIC MARIN
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En juillet 2021, un consortium de journalistes, coordonné par Forbidden Stories, mettait au jour un scandale mondial de cyber-espionnage, permis par le logiciel Pegasus. Deux ans après, où en sont les enquêtes ?

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Un outil à des fins de surveillance politique

Le journaliste Laurent Richard décrit le caractère intrusif de ce logiciel : "il s'agit d'un logiciel ultrapuissant, ultrasophistiqué, qui est extrêmement invasif et qui sait tout de vous. En fait, Pegasus, c'est comme une personne au-dessus de votre épaule qui va lire ce que vous lisez, qui voit ce que vous voyez. Une fois que vous êtes infecté, vous êtes totalement piégé." Cet outil représente alors un enjeu stratégique pour les Etats. Si le Maroc se serait doté de cet outil selon plusieurs médias, il ne représente pas un cas isolé. En effet, le journaliste affirme que d'autres pays ont recours à ce logiciel, dont des pays démocratiques européens tels que l'Espagne.

Il est utilisé notamment à des fins de surveillance d'opposants politiques. Laurent Richard explique que les journalistes font partie des cibles de ces stratégie de surveillance, et cite par exemple le journaliste marocain Hicham Mansoury, qui a fui le Maroc, ainsi que le journaliste saoudien Jamal Kashoggi, qui a été assassiné dans le consulat saoudien d'Istanbul.

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Un amateurisme de la part de l'Etat ?

Les moyens d'espionnage permis par les progrès de la cyberdéfense entraînent des questionnements au sujet des précautions à adopter. Si certains logiciels promettent des échanges cryptés, Laurent Richard considère que "celui qui vous dira que cette application est entièrement chiffrée vous mentira. Une fois que vous êtes infecté par Pegasus, le logiciel prend le contrôle de tout, y compris des messageries chiffrées comme Signal." Le journaliste affirme donc qu'il est nécessaire d'adapter les usages des outils numériques aux risques d'infiltration.

La rumeur supposant qu'Emmanuel Macron a été la cible de cet espionnage est donc au centre de cette réflexion : "quand on a découvert le numéro de téléphone d'Emmanuel Macron là-dedans, et ceux de nombreux ministres, on s'est interrogé aussi sur l'amateurisme de notre appareil d'État. Pourquoi Emmanuel Macron continuait d'utiliser un téléphone et une messagerie normale, alors même que des sociétés militaires comme Thalès et des sociétés de défense fournissent du matériel chiffré pour ça", souligne Laurent Richard.

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