Qui veut encore être enseignant ?

Selon les chiffres du ministère de l'Education nationale, sur plus de 23.800 postes ouverts en 2023 dans le public, 3.163 restent à pouvoir ©Getty
Selon les chiffres du ministère de l'Education nationale, sur plus de 23.800 postes ouverts en 2023 dans le public, 3.163 restent à pouvoir ©Getty
Selon les chiffres du ministère de l'Education nationale, sur plus de 23.800 postes ouverts en 2023 dans le public, 3.163 restent à pouvoir ©Getty
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Les enseignants manquent à l'appel : cette rentrée, comme celle de 2022, est marquée par un grand nombre de postes à pourvoir dans l'enseignement. Comment expliquer cette désaffection ? Entre conditions matérielles et considération sociale, retour sur une profession qui attire de moins en moins.

Avec
  • Géraldine Farges Sociologue, maîtresse de conférences en sciences de l'éducation et de la formation à l'Université de Bourgogne Franche-Comté

Une perte d’attractivité ancienne

Le manque d'intérêt pour le métier d'enseignant n'est pas nouveau, même s'il est davantage visible aujourd'hui. Géraldine Farges, sociologue et maîtresse de conférences en sciences de l'éducation et de la formation à l'Université de Bourgogne Franche-Comté, remonte aux racines de ce phénomène : "dès les années 1960, on identifie une première crise de recrutement dans un contexte de massification scolaire où on a besoin de beaucoup d'enseignants mais où on a peu de diplômés. Dans les années 1980, il y a eu ensuite une crise de recrutement due à l'allongement progressif de la durée des études demandées aux enseignants. Mais notre crise de recrutement actuelle remonte aux années 2000, où on avait dans le premier degré cinq candidats par poste, quand, aujourd'hui, il y en a nettement moins." La France est toutefois loin d'être un cas isolé. Dans de nombreux pays, comme aux Etats-Unis, les pénuries d'enseignants ont mené à des réductions des heures de classe, des réductions de programmes ou encore des rappels d'enseignants retraités.

Les causes de la désaffection

Plusieurs facteurs expliquent cette désaffection croissante. La faiblesse des salaires, qui caractérise le métier d'enseignant, en est l'une des raisons principales, d'après Géraldine Farges : "par rapport à d'autres diplômés du même niveau, les enseignants ont des niveaux de salaire particulièrement bas en France. Il y a aussi d'autres facteurs, comme les charges financières qui pèsent sur les salaires : le financement d'un logement d'appoint, les frais kilométriques de voitures, etc. Tout cela peut peser sur le budget. Il y a donc de nombreux facteurs qui peuvent expliquer cette désaffection". Par ailleurs, l'exigence des conditions de travail et le manque de flexibilité entraîne de plus en plus de démissions : entre 2008 et 2021, le nombre de démissions annuelles est passé de 364 à 2411.

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