Les années de plomb, une mine d’or pour la fiction

Arieh Worthalter dans le rôle de Pierre Goldman, dans le film de Cédric Kahn "Le Procès Goldman" - Ad Vitam Distributions
Arieh Worthalter dans le rôle de Pierre Goldman, dans le film de Cédric Kahn "Le Procès Goldman" - Ad Vitam Distributions
Arieh Worthalter dans le rôle de Pierre Goldman, dans le film de Cédric Kahn "Le Procès Goldman" - Ad Vitam Distributions
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En 1969, Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, est accusé d’avoir tué deux pharmaciennes lors d’un braquage. Ses procès ultramédiatisés ont fait la Une des journaux de l’époque.

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Pour son rôle dans Le Procès Goldman de Cédric Kahn, le premier rôle Arieh Worthalter a reçu le César 2024 du meilleur acteur.

Dans les années 1960 et 1970, à droite comme à gauche, les militants font le choix de la violence. De la rue au tribunal, quel regard adopter aujourd’hui sur cette période où l’engagement frôlait parfois le banditisme ?

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Pierre Goldman : une figure mythique de l’extrême gauche française

Accusé en 1970 du meurtre de deux pharmaciennes à Paris, Pierre Goldman était un personnage ambivalent. Cédric Kahn, réalisateur du film Le Procès Goldman, en salle le 27 septembre 2023, revient sur son parcours militant et la fascination dont son procès fait alors l’objet : “c’était un activiste de gauche qui est parti au Venezuela faire la guérilla. À son retour en France, c’est le début de sa dérive : il devient plus voyou que révolutionnaire. Il est arrêté par la police pour un braquage qui sera la raison de sa médiatisation. Pour les gens, à l’époque, il était victime d’une erreur judiciaire et quasiment l’ensemble de l’intelligentsia de gauche le soutenait, comme  Régis Debray ou  Simone Signoret. Cédric Kahn fait le choix de ne centrer son film que sur le procès, au détriment du reste de sa vie : “je n’aime pas tellement les biopics. Sa vie est une suite d’échecs. Ce qui est néanmoins incroyable, c’est sa rhétorique, sa manière de se défendre pendant le procès.”

Une innocence en question

Si Pierre Goldman se défend lors de son procès en invoquant une innocence d'ordre ontologique, beaucoup de mystères persistent : “il y a beaucoup de zones d’ombres. Son innocence est encore une question. Tous les gens qui ont été proches de cette affaire disent que son innocence est encore une question. C’est aussi Goldman qui crée le doute, qui montre parfois des signes de culpabilité ”, explique Cédric Kahn. Écrivain et ancien militant pour qui Pierre Goldman était une figure de l’engagement dans les années 1970, Dan Franck livre un autre jugement sur la question : “pour moi, il a été acquitté. Mon sentiment, c’est qu’il protège quelqu’un. Je pense qu’ils étaient deux ce soir-là boulevard Richard Lenoir.”

Les "Années de plomb" : la violence au cœur de l’engagement militant

Dans son livre L’Arrestation, à paraître le 27 septembre 2023 aux éditions Grasset, Dan Franck raconte pour la première fois son arrestation par la police pour “association de malfaiteurs” en octobre 1984. Accusé d’avoir entretenu des liens avec le groupe terroriste d’extrême gauche  Action Directe, il sera emprisonné quarante jours : “j’ai été dénoncé, car le soir d’une fusillade avenue Trudaine, l’un des complices avait les clés de mon appartement. J’ai commencé à écrire ce livre en prison. J’y suis revenu souvent. C’est une histoire peu honorable dont je n’avais pas envie de parler.” La rencontre de la violence et de l’engagement militant était caractéristique de ces "Années de plomb", où les groupes d'extrême gauche et d'extrême droite prenaient les armes. Rétrospectivement, l’écrivain regarde cette époque avec distance : “je n’ai jamais partagé cette idéologie. Je ne défends aucune cause comme celle-ci. Je faisais un peu n’importe quoi à l’époque. Je me confrontais pourtant à une réalité dont je ne mesurais pas les conséquences”.

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