Ludivine Bantigny, la révolution porte son nom

Du jour à la nuit, on efface tout, on recommence... ©Getty - CSA Images
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Tout mouvement de contestation est-il révolutionnaire ? Comment naissent les révolutions, jusqu'où vont-elles, et comment s'influencent-elles d'un pays à un autre ? L'historienne Ludivine Bantigny nous répond en nous présentant l'ouvrage qu'elle a codirigé, "Une histoire globale des révolutions".

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Dans Une histoire globale des révolutions, qui paraît aux éditions La Découverte, Ludivine Bantigny et ses coauteurs ont décidé d'étudier toutes les facettes des révolutions et de dépasser le cas matriciel de la Révolution française pour voir comment elles se déploient dans d'autres pays, d'autres époques et d'autres contextes.

"Pour qu'il y ait révolution, il faut qu'il y ait du peuple"

Selon Ludivine Bantigny, pour qu'il y ait révolution, il faut qu'il le peuple soit impliqué, c'est-à-dire qu'il faut "qu'il y ait une fraction de la population, au sens sociologique ou démographique du terme, qui devient politique". C'est ce que les coauteurs de l'ouvrage appellent le "protagonisme populaire" : c'est le processus par lequel des hommes et des femmes ordinaires participent à une situation extraordinaire et ont conscience qu'ils sont en train de faire l'Histoire.

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Ludivine Bantigny distingue également la révolution des révoltes et des soulèvements, car bien qu'on y retrouve une conscience active de changer les choses, ces mouvements n'impliquent pas de renversement radical. "Il faut que le renversement du pouvoir soit accompagné d'un bouleversement des rapports sociaux, de la distribution des richesses, d'un changement dans le rapport à la production."

Les révolutions s'influencent, mais sont singulières.

L'ouvrage qu'a codirigé Ludivine Bantigny tient à s'émanciper du prisme européocentré par lequel on aborde trop souvent les révolutions. Selon Ludivine Bantigny, chaque révolution est singulière, mais en même temps ces mouvements s'influencent les uns les autres : "Il y a comme un trésor de la révolution qui se transmet sans pour autant qu'il y ait de modèle".

"Mao, par exemple, était marxiste très tôt, mais il a compris dès le début des années 1920 qu'en Chine, la révolution ne serait pas respectueuse de l'analyse marxiste des classes sociales, que ce ne serait pas le prolétariat urbain d'abord qui ferait la révolution."

Extraits sonores

  • Extrait de “La tribune de l’histoire”, émission du 27 février 1966, France Inter
  • Mix d'archives sur les révolutions en Guinée, à Cuba, en Chine, en Iran et en Tunisie
  • Extrait du film Amadeus, de Milos Forman, 1984
  • Chanson de fin : Les Gadget, Le pays du rêve

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