Attaque du Hamas : un tournant dans l’histoire d’Israël

Samedi 7 octobre, les forces armées du Hamas ont opéré une offensive d’une violence sans précédent contre les Israéliens, autour de la bande Gaza. C’est une date historique qui vient de se rajouter à la longue chronologie du conflit-israélien, et qui nous éloigne un peu plus des possibilités de paix dans la région.

Retour sur le choc d’une attaque surprise, avec nos deux invités Alain Dieckhoff, directeur du CERI-Sciences Po, directeur de recherche au CNRS et Laetitia Bucaille, professeure de sociologie, membre de l’Institut universitaire de France, chercheuse au Centre d'études en sciences sociales sur les mondes africains, américains et asiatiques (CESSMA), spécialiste du conflit israélo-palestinien

L'attaque du Hamas était-elle prévisible ?

"Du côté israélien, cette attaque n'était pas prévisible, elle a frappé les esprits" déclare Laetitia Bucaille. Elle souligne le paradoxe entre le fait que l'État israélien n'a jamais été dirigé par un gouvernement autant à droite et le fait que cette attaque touche autant les Israéliens. Néanmoins, elle affirme que "le rapport de force est du côté des Israéliens, les Palestiniens n'ont jamais été autant en position de faiblesse".

Laetitia Bucaille rappelle les dynamiques politiques palestiniennes, divisées entre la bande de Gaza et la Cisjordanie. La Cisjordanie est gouvernée par Mahmoud Abbas, membre du Fatah. Ce pouvoir est issu des Accords d'Oslo en 1991. Le pouvoir concurrent est le Hamas, mouvement politique islamiste élu en 2006 sur la bande de Gaza. Ce mouvement politique est issu de la confrérie des Frères Musulmans, qui, suite à la première Intifada en 1988, a fondé une branche politique dédiée à la libération de la Palestine.

Une offensive inédite

"Les soldats du Hamas ont été en mesure de franchir la frontière de la bande de Gaza à trois endroits. La Bande de Gaza s'étend sur 355 kilomètres carrés et est contrôlée par le pouvoir israélien et égyptien. Pour une opération qui n'a pu être concertée des mois à l'avance, cette frappe est surprenante", affirme Alain Dieckhoff. Selon la sociologue Laetitia Bucaille, la gravité de cette frappe palestinienne tient en partie du fait que "trois quarts des soldats israéliens étaient en Cisjordanie pour protéger les colons israéliens qui y habitent".

Le conflit israélo-palestinien :  le théâtre d'affrontements géopolitiques et idéologiques régionaux

Les évènements sur les territoires israélo-palestiniens interrogent l'implication de l'Iran dans l'offensive du Hamas. Si l'Iran, régime théocratique chiite, soutient financièrement et politiquement le parti politique chiite libanais le Hezbollah, Alain Dieckhoff affirme que la République Islamique soutient également le jihad islamique palestinien, de son côté sunnite.

Le spécialiste de la politique israélienne déclare : "l'Iran a deux satans, un petit, l'Arabie Saoudite et un grand, Israël". Cette rivalité géopolitique entre l'Iran et l'État israélien pourrait expliquer la potentielle implication de l'Iran dans cette offensive palestinienne.