États-Unis : qui veut la peau de l’école publique ?

En juillet dernier, la bien-nommée Tiffany Justice, présidente des “Moms for Liberty”, se posait en redresseuse de torts lors du congrès annuel de cette association de l’alt-right américaine. Ses combats, les enseignements promouvant la théorie critique de la race et l’égalité des genres, sont aussi ceux de Ron de Santis, le très droitier gouverneur de Floride. Corey De Angelis, lui, se présente comme un évangélique du “school choice”, sillonnant les États-Unis et prêchant la bonne parole. De Angelis défend le droit pour les parents d’élèves de choisir l’éducation de leurs enfants et prône donc la privatisation pure et simple du système scolaire américain. Qu’elle porte sur le fond pédagogique ou sur la forme institutionnelle des établissements, cette offensive généralisée contre l’école publique classique a des conséquences bien concrètes : des écoles, financées sur fonds publics, mais gérées par des professeurs, des parents d’élèves ou des entreprises, fleurissent un peu partout dans le pays. Elles achèvent de composer un paysage scolaire éclaté, où figurent également les écoles privées qui accueillent 9 % des élèves américains.

Comment l’école publique est-elle passée de moteur de la lutte contre les inégalités à objet de vives critiques ? Comment les groupes d’influence conservateurs inquiets de l’orientation politique des enseignements organisent-ils leur contre-offensive pédagogique ? Et enfin, quel est l’impact des charter schools, financées par l’argent public, mais gérés par des groupes privés, sur les inégalités scolaires aux États-Unis ?

Mexique : la guerre culturelle des manuels scolaires

Avec Dalila Chine-Lehmann, maîtresse de conférences en études latino-américaines à l’université Paris-Nanterre et spécialiste de l’histoire éducative mexicaine

Le 27 août dernier, tandis que les élèves mexicains faisaient leur rentrée des classes, leurs parents, eux, sortaient dans les rues pour manifester contre les nouveaux manuels scolaires distribués dans toutes les écoles du pays. Promus par le gouvernement de gauche d’Andres Manuel Lopez Obrador, ces ouvrages proposent une vision revisitée de l’histoire et de la société mexicaine contre laquelle s’élèvent l’opposition et les évangéliques.

Pour aller plus loin

Esther Cyna a publié l'article La ségrégation scolaire au-delà de la "fuite des Blancs" : exemple d'un comté rural en Caroline du Nord (1967 -1989), Revue française d'études américaines, 2021

Laurie Béreau a signé le chapitre consacré à l'éducation dans le livre Le rêve américain à l'épreuve de la présidence Trump, éd. Vendémiaire, 2020

Références sonores

John Engler, gouverneur du Michigan en 1991, légalise les charters schools 
Deux anciens élèves d’école publique inscrits dans une charter school déplorent le manque de moyens
Une mère de famille dénonce le manque de moyens des écoles publiques

En 1964, le président Lyndon Johnson, lui-même ancien professeur, rappelait l’importance de l’école devant le Congrès
Documentaire sur l’implantation des charter schools à Harlem 
Des militants du groupe Moms for liberty dénoncent les contenus des livres scolaires

Une mère de famille mexicaine critique les nouveaux manuels scolaires

Références musicales

Instrumental : Boards of Canada – ‘New seed’
Crosby, Stills, Nash and Young - Teach Your Children (1970)