Du partage de la Palestine à la création de l’État d’Israël

En février 1947, la Palestine fait la une des journaux. Il est alors question du départ des Anglais qui font de la Palestine “un vaste camp retranché”, d'un projet de gouvernement tripartite (arabe, juif, anglais), et même d’un régime de tutelle sous l’égide des Nations unies. Le vocabulaire reflète les tensions dans la région : problème palestinien, troubles, impasse, évacuation, mesures militaires… Le 29 novembre 1947, l’ONU vote le plan de partage de la Palestine – c’est la résolution 181 – et quelques mois plus tard, le 14 mai 1948, David Ben Gourion proclame l’État d’Israël.

Le plan de partage de l’ONU

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Palestine est sous mandat britannique. Les tensions sont tendues entre Britanniques et sionistes. Les forces sionistes revendiquent un État juif et une levée de l’immigration afin de faire venir en Palestine les survivants de la Shoah. Incapables de régler le conflit avec les Juifs, les Britanniques décident de porter la question palestinienne devant l’Organisation des Nations unies.

Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations unies vote le plan de partage de la Palestine en trois entités : un État juif, un État arabe, et Jérusalem placée sous contrôle international. Le soir même, le Yishouv – communauté juive en Palestine – danse dans les rues. À cette effervescence contraste la colère des Arabes de Palestine, pour qui cette résolution représente une grande injustice. Durant plusieurs mois, une guerre civile oppose les deux peuples. Attentats et massacres se succèdent et suscitent l'inquiétude de l'opinion internationale. Au moyen d'une stratégie militaire efficace, les Juifs finissent par l’emporter.

La création d’Israël, un État né dans la guerre

Le 14 mai 1948, David Ben Gourion, chef exécutif de l’Agence juive, proclame l’indépendance de l'État d'Israël. Pour l’ensemble des Juifs de Palestine, cette déclaration est un miracle puisqu’elle rétablit une souveraineté politique juive en Palestine. Le lendemain, plusieurs pays arabes, qui contestent la création de l'État, déclarent la guerre à Israël. Le premier conflit israélo-arabe commence. Divisés profondément dans leurs visées politiques et ne formant en aucun cas un bloc uni, les pays arabes finissent par être vaincus par une armée israélienne, la Tsahal, bien plus expérimentée et préparée au combat. "Le front arabe est fissuré. Il n’y a pas de véritable coordination entre les uns et les autres. Un des acteurs importants, la Transjordanie, est entré dans la guerre avec l’idée de récupérer une partie de la Palestine historique, la Cisjordanie. Derrière l’apparente unité, il y avait une certaine fragilité", explique Alain Dieckhoff.

De l’exil palestinien à l’immigration juive, quel nouveau peuplement ?

Quand les armes se taisent au début de l'année 1949, la Palestine est un territoire profondément bouleversé. L’État d’Israël s’étend désormais sur un territoire de 20 700 km² et occupe près de 80 % de l’ancienne Palestine mandataire. Une politique d’immigration juive massive est mise en place par le gouvernement israélien qui veut garantir le poids démographique du jeune État. "La grande difficulté de l’État d’Israël naissant, c'est de transformer la multiplicité juive en une population israélienne", explique Yann Scioldo-Zürcher. Il ajoute : "Israël prend toutes les populations juives réfugiées du monde pour les assimiler et former la population."

Cette période matricielle dans les mémoires israéliennes contraste avec celle des Arabes de Palestine. En l’espace d’une année, ce sont près de 750 000 Arabes de Palestine qui fuient les assauts militaires et prennent les routes de l’exil. L’exode devient dans la mémoire collective palestinienne la "Nakba", la "catastrophe" en arabe. C’est dans ce déracinement que se construit l’identité palestinienne, entre douleur et mémoire de la terre d’origine. "Les Palestiniens s’installent dans les pays arabes voisins. Ils se retrouvent dans divers camps de réfugiés. Là-bas, leur situation est différente d’un pays à l’autre. On leur donne certes la nationalité en Jordanie, mais ce n’est pas le cas au Liban, en Syrie, en Égypte ou en Irak. C’est une société qui éclate et se reforme dans l’exil dans des conditions de pauvreté extrême", explique Jihane Sfeir.

Pour aller plus loin

• Marie-Antoinette Hily, William Berthomière, Yann Scioldo-Zürcher, Partir pour Israël. Une nouvelle migration de Juifs de France ? Presses universitaires François Rabelais, 2023
• Alain Dieckhoff, Israël-Palestine : une guerre sans fin ? 22 questions décisives, Armand Colin, 2022
• Jihane Sfeir, L’Exil palestinien au Liban : le temps des origines 1947-1952, IFPO/Karthala, 2008
• Alain Dieckhoff, L'Invention d'une nation. Israël et la modernité politique, Gallimard, 1993

Références sonores

• Archive INA au sujet du foyer national juif
• Archive INA au sujet du navire de l'Exodus, RTF, août 1947
• Archive du vote du plan de partage de l'ONU, issue du documentaire Une terre deux fois promises, Arte, 2018
• Archive INA d'Émile Ajar au sujet du plan de partage de l'ONU, 3 décembre 1947
• Archive INA du docteur El Khoury au sujet du plan de partage de l'ONU, 3 décembre 1947
• Archive INA à propos de la guerre civile entre Juifs et Arabes de Palestine, Actualités françaises, 11 décembre 1947
• Archive INA au sujet de la proclamation de l'État d'Israël par David Ben Gourion, 14 mai 1948
• Archive INA au sujet de la guerre israélo-arabe, 17 juin 1948