Camus, vivre malgré tout : épisode • 1/4 du podcast Apprendre à mourir

L'écrivain français post-existentialiste Albert Camus (1913-1960). Vers 1950. (Photo par © Hulton-Deutsch Collection/CORBIS/Corbis via Getty Images) ©Getty - Hulton-Deutsch Collection/CORBIS/Corbis
L'écrivain français post-existentialiste Albert Camus (1913-1960). Vers 1950. (Photo par © Hulton-Deutsch Collection/CORBIS/Corbis via Getty Images) ©Getty - Hulton-Deutsch Collection/CORBIS/Corbis
L'écrivain français post-existentialiste Albert Camus (1913-1960). Vers 1950. (Photo par © Hulton-Deutsch Collection/CORBIS/Corbis via Getty Images) ©Getty - Hulton-Deutsch Collection/CORBIS/Corbis
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Pour Camus, la certitude de la mort révèle l’absurdité de la vie. Si “les hommes meurent et ne sont pas heureux”, la vie vaut-elle la peine d’être vécue ? Quel comportement doit-on adopter face à la prise de conscience de notre finitude ?

Avec
  • Anne Prouteau Maître de conférences en littérature française à l’Université catholique de l’ouest à Angers
  • Marylin Maeso Philosophe et essayiste

Avec Philosophie consacre cette série d'émissions à la mort. Dans ce premier épisode, Géraldine Muhlmann et ses invitées s'intéressent à Albert Camus et son rapport à la mort.

“La Peste” : l’affirmation de notre condamnation à mort

Albert Camus publie en 1947  La Peste, devenu prix Nobel de littérature en 1957. Marylin Maeso souligne “trois niveaux de lecture” de ce livre. Il est d’abord possible de lire comme “un récit clinique de l’épidémie de la peste” : c’est le “niveau littéral”. Ensuite, il y a le “niveau plutôt métaphysique : la peste serait une allégorie de la condition humaine : nous sommes tous condamnés à mort”. Enfin, il est possible de le lire avec un regard politique: “la peste pourrait apparaître comme l’allégorie du nazisme”.

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A 17 ans, Camus est touché par la tuberculose, l’empêchant notamment de passer l’examen de l’agrégation. C’est peut-être cette expérience qui explique la présence de la mort dans ses écrits. “Chez Camus c'est très important toujours de penser non pas à partir de quelque chose d'intellectuel, mais à partir d'une expérience existentielle” analyse Anne Prouteau. “Il y a vraiment chez lui aussi un amour de vivre qui est décuplé par cette confrontation face à face avec la mort, qui ne le quittera pas effectivement”.

“Le Mythe de Sisyphe” : la vie malgré son absurdité

Si la mort est présente dans l'œuvre camusienne, on y trouve également un hymne à la vie. Ainsi, la question centrale dans  Le Mythe de Sisyphe est “comment vivre dans un monde débarrassé de Dieu, débarrassé des valeurs absolues ?” affirme Anne Prouteau. Camus y affirme l’absurdité de la vie et “à partir de ce qui pouvait être une invitation au suicide, il édicte une règle de vie : si la vie n’a pas de sens, elle a une valeur”.

Et si Sisyphe se cachait au sein de toute l'œuvre camusienne ? Pour Marylin Maeso, il est ainsi par exemple possible de trouver Sisyphe dans Caligula : “s'il est dans le Caligula, qu'est-ce qu'il fait avec son rocher ? Il décide de le jeter sur l'ensemble de la population pour s'approprier le droit de vie et de mort de manière à ne plus subir sa propre mortalité” . L’Etranger, Caligula, Le Mythe de Sisyphe, que disent ces trois textes sur la manière de se comporter face à notre finitude ? Camus cherche à “montrer que cette absence d'un sens donné de la vie, loin d'être une malédiction, une condamnation à mort, est en réalité une chance parce que à partir du moment où il n'y a pas de sens donné à la vie, il ne tient qu'à nous de lui en donner un” affirme Marylin Maeso.

Pour en parler

Anne Prouteau, maître de conférences en littérature française à l’Université catholique de l’ouest, à Angers. Présidente de la Société des Études camusiennes depuis 2020, elle participe au rayonnement de l’œuvre de l’écrivain. Parmi ses travaux, on trouve :

  • Un ouvrage issu de sa thèse :  Albert Camus ou le présent impérissable, postface de Paul Viallaneix, Orizons, Universités/Domaine Littéraire, 2008.
  • Une collaboration pour le Dictionnaire Camus (Laffont, 2009) et aux Cahiers de L’Herne Albert Camus (2013).

Marylin Maeso, professeure de philosophie. Parmi ses ouvrages, on trouve :

Références sonores

  • Archive de l'ORTF, de Jean Guehenno, écrivain et critique littéraire, à l'occasion du décès de Camus, le 4 janvier 1960.
  • Lecture par Riyad Cairat d'un extrait d'Albert Camus, La Peste (1947), dans Œuvres, édition Quarto Gallimard, 2013, p.624-625.
  • Lecture par Jacques Pradel d’un extrait du Mythe de Sisyphe (1947).
  • Lecture par Albert Camus en 1954 d’un extrait de l’acte 1 scène IV de Caligula (1944).
  • Musique en fin d'émission : Killing an arab des Cure, sorti en 45 tours en 1978 et sur l’album Boys Don’t Cry en 1980.
  • Titre du générique : Sabali d'Amadou et Mariam (2008).

Le Pourquoi du comment, la chronique de Frédéric Worms

Retrouvez sa chronique  ici.

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