Jordanie, Liban : le dilemme des Palestiniens en exil

En Jordanie comme au Liban, l’attaque du Hamas a été vécue par les Palestiniens comme une revanche sur l’exil auquel leurs grands-parents, voire leurs arrière-grands-parents ont été contraints il y a 75 ans. Depuis la Nakba (la “catastrophe”), de nombreux camps palestiniens ont été créés au Proche-Orient : selon l’ONU, en 2021, il y aurait 4,7 millions de réfugiés palestiniens vivant pour la plupart au Liban, en Syrie et en Jordanie. Prévus pour être temporaires, les camps sont habités de manière durable et marqués par la surpopulation et la pauvreté.

Au Liban, pays qui restreint fortement les droits des réfugiés palestiniens, des combats entre factions palestiniennes ont fait 11 morts et 40 blessés le 31 juillet 2023 dans le plus grand camp palestinien, le camp d’Aïn-El-Héloué. En Jordanie, première terre de refuge des Palestiniens et aussi celle qui contient le plus de réfugiés (plus de 2,3 millions selon l’UNRWA), la plupart d’entre eux disposent de la citoyenneté jordanienne et bénéficient de certains droits.

Comment les troisième et quatrième génération de réfugiés réagissent depuis l’attaque du Hamas ? Veulent-ils prendre part à la guerre ou craignent-ils au contraire la contagion régionale et les représailles israéliennes ? Comment les manifestations de soutien sont-elles encadrées, voire réprimées par Amman et Beyrouth ? Les Palestiniens ont-ils un poids politique dans l’orientation de la diplomatie libanaise et jordanienne ?

Pour en parler, Julie Gacon reçoit Kamel Doraï, chercheur au CNRS à Migrinter, ancien directeur du département des études contemporaines de l’Ifpo (Institut français du Proche-Orient) à Beyrouth et ancien chercheur à l’Ifpo en Jordanie et en Syrie, et Jalal Al Husseini, chercheur politologue associé à l’Ifpo - antenne d’Amman, coauteur de “Penser la Palestine en réseau”(Diacritiques Éditions, Presses de l'Ifpo, 2022).

Focus - En Syrie, les Palestiniens coincés entre deux guerres

Avec Valentina Napolitano, sociologue, chargée de recherche à l’IRD et rattachée au LPED à l’Université d’Aix-Marseille. Auteure de "Les Palestiniens de Syrie dans la révolution et le conflit", dans Catherine Coquio & al. (dir) (2022) Syrie. Le pays brûle, le livre des Assad (1970-2021).

Au début de la guerre civile syrienne, Bachar el-Assad avait tenté d'instrumentaliser la question des réfugiés palestiniens pour semer le chaos au sein de la société civile et désorganiser les opposants. Cette période des printemps arabes a concordé avec une résurgence de la mobilisation des réfugiés palestiniens en Syrie pour la cause palestinienne, cristallisée autour d'une grande marche commémorative pour la "Nakba" en mai 2011.

Comment les réfugiés palestiniens de Syrie soutiennent la cause palestinienne à laquelle ils sont attachés, tout en étant confrontés à la guerre civile syrienne ?

Pour aller plus loin :

Al Husseini Jalal et Signoles Aude, Les Palestiniens entre État et diaspora. Le temps des incertitudes, SMM/Karthala, Paris, 2011.

Références sonores :

• Témoignage d’un Palestinien à Jénine, en Cisjordanie (France Inter - 23/10/2023)
• Manifestant palestinien au Liban (RFI - 10/12/2023)
• Abdallah II explique qu’il ne faut pas que le conflit s’étende (AFP - 17/10/2023)
• 75 ans après la Nakba, des Palestiniens veulent un “droit au retour” (AFP - 17/05/2023)
• Le siège du camp de Yarmouk par les forces gouvernementales, témoignage de Chris Guiness, porte-parole de l’UNWRA (France 24 - 27/04/2023)
• Témoignage d'Ismail Sedawi, représentant du mouvement du jihad islamique en Syrie (AFP - 17/05/2023)

Musiques :

Boards of Canada - New seed

47SOUL - Dabke System