Dominique Barbéris : “Je voulais écrire sur le presque rien”

Dominique Barbéris a reçu le Grand Prix du roman de l'Académie française pour son 11e roman Une façon d'aimer, paru chez Gallimard. L'autrice embarque les lecteurs dans la France coloniale des années 50 et déroule l'Histoire à travers les souvenirs reconstitués de Madeleine, jeune femme simple et sans histoire jusqu'à ce que… 
Photos, coupons de journaux, vêtements, la narratrice remonte le fil de cette vie à la fois discrète et mélancolique.

Lisière et frontières

Dans l'écriture de Dominique Barbéris, on trouve régulièrement des descriptions de fin d'après-midi ou de fin d'été, un détail qui n'est pas le fruit du hasard : “Je suis obsédée par l’arrivée du soir, j’ai une sorte de sensibilité épidermique au changement de l’atmosphère. Avec la nuit et l’arrivée du soir, quelque chose tombe dont je n’arrive pas à me remettre.”

L'autrice est de celles qui aiment entretenir une forme d'ambiguïté entre mystère et inquiétude : “Je crois qu’on peut toujours être au bord de basculer dans quelque chose de dangereux, j’aime ces zones frontières, j’ai écrit des romans qui se situaient géographiquement à la lisière des choses."

Le glissement du temps

Au cœur du livre de Dominique Barbéris se superposent des couches de temporalités : celle des souvenirs d'une femme disparue, d'une époque qui n'existe plus, d'un lieu, mais quel rapport entretient l'autrice au temps ? “Le glissement du temps m’effraie terriblement. J'essaie de faire sentir ce mouvement. Dans ce glissement que j'ai essayé de restituer par l'écriture, passe beaucoup de ce que je veux dire du temps.”

Quant à la nostalgie, elle est pour elle un moteur d'écriture : “Je crois que je suis nostalgique par essence, la nostalgie me fait écrire. Le vrai nostalgique est celui qui va regretter un monde que personne ne voit, il regrette le temps tel qu'il a été."

Extraits sonores

• Mix avec des chansons citées dans le livre Une façon d'aimer de Dominique Barbéris
• Archive de François Mauriac en 1952 à propos de son personnage et livre éponyme Thérèse Desqueyroux paru en 1927
• Archive de Patrick Modiano dans l'émission Radio Libre sur France Culture en 2010
• Chanson de fin The Coffee Cola Song de Francis Bebey