L'économie selon Coluche : épisode • 81 du podcast L'économie selon...

Première de Coluche, de son vrai nom Michel Colucci, au Café Concert à Paris, 5 septembre 1974 ©Getty - James Andanson / Contributeur
Première de Coluche, de son vrai nom Michel Colucci, au Café Concert à Paris, 5 septembre 1974 ©Getty - James Andanson / Contributeur
Première de Coluche, de son vrai nom Michel Colucci, au Café Concert à Paris, 5 septembre 1974 ©Getty - James Andanson / Contributeur
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Tour à tour comédien issu de la ceinture rouge, candidat à l'élection présidentielle et créateur des Restos du Cœur, comment Coluche a-t-il porté la voix des laissés-pour-compte de la croissance économique ?

Avec
  • Jean-Michel Vaguelsy Ami et secrétaire de Coluche, Président des Restaurants du Cœur de 1986 à 1988
  • Axelle Dolino-Brodiez Historienne, directrice de recherche au CNRS

“C’est l’histoire d’un mec”, né en 1944 dans une banlieue de la ceinture rouge et qui va marquer sa génération à plusieurs égards : médiatiquement, politiquement, humoristiquement et généreusement. Dès sa prime jeunesse, Coluche ou Michel Colucci est un anti-conformiste. Il ne mâche pas ses mots : entre premiers spectacles potaches, émissions de radio censurées et interventions subversives dans les médias, il fait rapidement figure d'agitateur social. Par ailleurs, il est confronté petit non seulement à la pauvreté, mais à la solidarité associative. Ainsi, en 1954, l’appel de l’abbé Pierre face à la crise du logement inspire le jeune Coluche. "En 1954, Coluche a 10 ans. Il va faire partie de ceux qui vont pouvoir profiter de l’action des chiffonniers d’Emmaüs. C’est pour cela que, lorsqu’on va créer les Restos du Cœur trente ans plus tard et qu’il va rester de l’argent sur le compte à la fin de la première campagne, Coluche va vouloir donner tout ce qu’il nous reste à l’abbé Pierre. Partant du principe que de toute manière, la misère est quelque chose de global", rappelle Jean-Michel Vaguelsy.

Toute une vie
58 min

C’est d’abord dans le monde du spectacle qu’il semble trouver sa place pour porter la voix des opprimés, des petites gens, des marginaux. Grimé tel un clown débraillé, il défend dans ses sketchs teintés de politique et avec un ton dénonciateur, les travers d’une société française qu’il considère comme excluante, inégalitaire et raciste. Car dans les années 60 puis 70, la queue de comète des Trente Glorieuses ébranle l’économie et aggrave la pauvreté. Si la croissance des Trente Glorieuses a eu beaucoup de laissés-pour-compte, le choc économique des années 1970 provoque une précarité grandissante, liée notamment à la hausse du chômage.

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Las des paroles en l’air sur les planches tout autant que celles des politiques, Coluche décide de se présenter à l'élection présidentielle de 1981. À cette époque, explique Axelle Dolino-Brodiez, "on emploie pour la première fois l’expression ‘nouveaux pauvres’, qui ne va cesser d’envahir le discours public dans les années qui suivent. Les années 81 et 82 sont aussi la redécouverte des sans-abris qui meurent de froid dans les rues, les premiers plans pauvreté/précarité (…) une misère qui monte très vite d’année en année ". Dénonçant l’inaction des politiques, voire leur caractère véreux, il voit dans sa propre candidature l'espoir de rassembler les abstentionnistes et de faire basculer l'élection. Cette tentative ratée lui vaudra au moins l’étiquette non seulement d’un homme soucieux du peuple et contestataire, mais aussi celle d’être un homme d’action.

C’est ainsi qu’en 1985, alors que la France souffre d’une crise du logement et qu’une large partie des pauvres peine à manger à leur faim - conséquences du tournant de la rigueur - Coluche décide de fonder les Restos du Cœur. “Petite idée comme ça” au départ, la cantine solidaire devient rapidement une association remportant un franc succès auprès de ses bénéficiaires autant que de ses donateurs. Coluche s’inscrit ainsi dans un mouvement de renouveau associatif, celui d’une génération caritative obligée de se réinventer face à une pauvreté grandissante.

Candidats (un mix politique par Prieur de la Marne)
5 min

Pour aller plus loin

  • Jean-Michel Vaguelsy et Alexandre Fievée : Coluche, agitateur social, Grund, 2020
  • Axelle Dolino-Brodiez : Combattre la pauvreté. Vulnérabilités sociales et sanitaires de 1880 à nos jours, CNRS Editions, 2013

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