Ramener les médocs à la maison : vers une industrie bleu-blanc-rouge : épisode • 2/3 du podcast Marché du médicament, l’économie sur ordonnance

Production de gélules par la multinationale française « Pierre Fabre », à Gien, le 21 mars 2018. ©AFP - GERARD JULIEN
Production de gélules par la multinationale française « Pierre Fabre », à Gien, le 21 mars 2018. ©AFP - GERARD JULIEN
Production de gélules par la multinationale française « Pierre Fabre », à Gien, le 21 mars 2018. ©AFP - GERARD JULIEN
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La crise sanitaire a mis en lumière les fragilités européennes en matière d’approvisionnement de médicaments. Mise en place depuis 2020 afin de “reconquérir la souveraineté sanitaire”, la relocalisation de la production en France est-elle efficace ?

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Alors que les pénuries s'aggravent depuis 2018, la crise sanitaire a mis en lumière les fragilités de la France et de l’Europe en matière d’approvisionnement de médicaments. La vague de délocalisation qui touche l’Hexagone depuis les années 1980 avec le mouvement de financiarisation du secteur pharmaceutique a rendu le pays particulièrement vulnérable aux aléas de production survenant à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, la part des médicaments produits sur le territoire français ne dépasse pas un tiers de la consommation des Français (rapport du Sénat de 2023). Les mesures prises à partir de 2010 pour responsabiliser les exploitants en matière de prévention des pénuries n’ont pas été suffisantes pour pallier le déficit d’offre chronique de certains médicaments. De plus, alors que la dépendance de la France à des producteurs extra-européens ne cesse d’augmenter, c’est l’intégralité de la chaîne de production mondiale qui est en tension suite à un accroissement de la demande.

Le renforcement de la souveraineté sanitaire devient donc un enjeu majeur pour la France. En effet, depuis la crise du Covid-19, les inquiétudes montent : à cette époque, l’Inde et la Chine, qui produisent 60 % des principes actifs à l’échelle mondiale, avaient par exemple fait le choix de restreindre leurs exportations pour répondre à leur demande nationale. La relocalisation de certains médicaments critiques devient donc un objectif d’Emmanuel Macron. La politique d’incitation à la relocalisation mise en place par Emmanuel Macron depuis 2020 pour “reconquérir la souveraineté sanitaire” de la France est-elle efficace ? Au-delà des industriels, quels acteurs mobiliser pour réaliser cet objectif ambitieux ?

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La Question du jour
9 min

Un secteur pharmaceutique particulièrement touché par la financiarisation

Si la financiarisation a concerné beaucoup d’industries en France, l’industrie pharmaceutique, très rentable, a été particulièrement touchée. "Grâce à la rentabilité et aux brevets de l’industrie pharmaceutique, les stratégies d’augmentation de valeur sont très fortes. Sanofi est le troisième distributeur de dividendes en France, derrière Total et BNP Paribas !", précise Nathalie Coutinet.

Organiser une relocalisation à l’échelle européenne ?

Une relocalisation de la production de médicaments à l’échelle européenne pourrait avoir du sens. En effet, selon Anaïs Voy-Gillis, "on risque d’avoir une concurrence sur le développement de sites qui produisent des molécules similaires, si on n'y prend pas garde. Par ailleurs, il y a une concurrence entre les États, parce que les mécanismes de fixation des prix, de médicaments, de remboursement. Ce ne sont pas les mêmes entre les différents États européens, si bien qu'aujourd'hui, certains industriels ont parfois plus intérêt à vendre certains produits à l'étranger, en Europe, que sur le territoire national".

Pour aller plus loin

  • Nathalie Coutinet et Philippe Abécassis : Économie du médicament, éd. La Découverte, 2018

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