L'économie selon John Steinbeck : épisode • 83 du podcast L'économie selon...

Familles du Dust Bowl, ces tempêtes de sable survenues dans les années 30 aux États-Unis, dans un camp de nuit au Texas. ©Getty - Heritage Art/Heritage Images
Familles du Dust Bowl, ces tempêtes de sable survenues dans les années 30 aux États-Unis, dans un camp de nuit au Texas. ©Getty - Heritage Art/Heritage Images
Familles du Dust Bowl, ces tempêtes de sable survenues dans les années 30 aux États-Unis, dans un camp de nuit au Texas. ©Getty - Heritage Art/Heritage Images
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Célèbre pour ses "Raisins de la colère", plume d'un rêve américain brisé, Steinbeck écrit à couteaux tirés contre les puissances capitalistes des années 1930, qui ont ébranlé le secteur agricole et poussé les fermiers sur les routes.

Avec
  • Alice Béja Maîtresse de conférence en civilisation américaine à Sciences Po Lille et chercheuse au CERAPS
  • Romain Huret Historien des Etats-Unis, président de l’EHESS

John Ernst Steinbeck Jr. est né le 27 février 1902, à Salinas, en Californie. Enfant de la campagne américaine, il se montre très vite sensible aux conditions de travail de la main-d'œuvre agricole : métayers, paysans, ouvriers agricoles sont les personnages de ses premiers romans. Inspiré par les paysages californiens de son enfance, il mêle les représentations d’une Amérique mythifiée et la peinture d’une frange agricole déclassée. De Tortilla Flat (1935) à Des souris et des hommes (1937) en passant par En un combat douteux (1937), il dépeint les difficiles conditions de travail des ouvriers et paysans, leurs rêves de prospérité tranquille et leurs luttes communes contre les exploitants.

C’est avec la parution Des raisins de la colère en 1939 que la carrière littéraire de Steinbeck prend un tournant. Marqué par la Grande Dépression qui ravage l'Amérique depuis le krach boursier de 1929, il s’émeut de la dégradation des conditions de vie des métayers des plaines américaines ravagées par le Dust Bowl. Comme le rappelle Romain Huret, ce qu’on comprend avec Les raisins de la colère, c’est que "l'ennemi principal de la population, ce sont les banques. Il y a plusieurs passages très intéressants sur la violence du système bancaire et la manière dont ces banques sont perçues comme des rapaces épouvantables qui ont spolié une partie de ces hommes".

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Entendez-vous l'éco ?
59 min

Véritable épopée d’une Amérique en crise, Les raisins de la colère, relatent avec puissance et émotion, l’aventure malheureuse d’une famille de Okies, contraints de quitter l’Oklahoma et ses fermes ravagées pour migrer vers les plaines de Californie, où on leur promet du travail et une vie d’abondance. Il écrit à couteau tiré contre les puissances capitalistes des années 1930, qui ont ébranlé le secteur agricole et poussé les fermiers sur les routes, et dénonce dans le même temps les fausses promesses d’un rêve américain brisé. D'ailleurs, selon Alice Béja, "malgré son très grand succès dès l'époque, un certain nombre d'organisations, d'associations de propriétaires terriens essayent de faire interdire l'œuvre de Steinbeck dans un certain nombre d'Etats. Elle est perçue comme une œuvre dont certains diront qu'elle entache la démocratie américaine, qu'elle dépeint les États-Unis comme un lieu de misère, un lieu horrible. Ils vont accuser Steinbeck d'antipatriotisme, voire de communisme, alors que sa perspective à lui est un peu plus complexe que cela".

Pour aller plus loin

  • Romain Huret : Les millions de monsieur Mellon - Le capitalisme en procès aux États-Unis (1933-1941), éd. La Découverte, 2023
  • Alice Béja : contribution à l’édition de John Steinbeck. Romans à La Pléiade sous la direction de Marie-Christine Lemardeley en mars 2023
Le Book Club
37 min

Références sonores

Références musicales

  • Dust Bowl Refuge de Woody Guthrie

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