Olvid, la messagerie française qu'Elisabeth Borne impose à son gouvernement

L’application française de messagerie sécurisée Olvid qui doit devenir celle du gouvernement. ©AFP - Damien MEYER
L’application française de messagerie sécurisée Olvid qui doit devenir celle du gouvernement. ©AFP - Damien MEYER
L’application française de messagerie sécurisée Olvid qui doit devenir celle du gouvernement. ©AFP - Damien MEYER
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Les ministres et leurs équipes sont sommés d’abandonner, d'ici au 8 décembre, les autres solutions de messageries étrangères pour adopter l’outil de la start-up française "Olvid" qui se présente comme la messagerie la plus sécurisée au monde.

Elisabeth Borne n’est pas uniquement une première ministre investie, elle est également une influenceuse efficace. Elle a offert ces jours un coup de projecteur incroyable à l’application française Olvid, jusque-là inconnue du grand public.

Elisabeth Borne pointe indirectement les failles de l’Américain WhatsApp, ou encore du russe Télégram. Deux applications très utilisées par le monde politique, surtout Telegram qui a longtemps surfé sur sa promesse d’échanges cryptés. Une application plébiscitée par l’ensemble des acteurs politiques, d’Emmanuel Macron à Jean-Luc Mélenchon.

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L’objectif, c'est de gagner en souveraineté technologique, surtout lorsqu’il s’agit de données sensibles. Imaginez ce qu’il peut se dire entre deux ministres, et je ne parle pas que des menaces de remaniement.

Olvid, la messagerie amnésique

Olvid tire son nom de l’espagnol "Olvidar", traduit par "oublier", comme quoi, on peut être français et ouvert sur nos frontières européennes. Oublier comme ces messages censés une fois envoyés disparaître des serveurs, des messages supprimés impossible à restaurer.

On doit cette pépite comme à deux hommes experts en cryptographie. Leur palmarès : ils ont convaincu l’an dernier les hommes du RAID d’utiliser Olvid pour échange sur leurs opérations top secrètes. La messagerie a également obtenu la certification de l’ANSI, l’agence nationale de la sécurité des systèmes d’information qui nous protège chaque jour des cyberattaques.

Une application peu intuitive

La prise en main de l'application est sans doute le revers de la médaille. Ovid — toujours par souci de protection — n’a pas accès à votre répertoire téléphonique et, sans annuaire centralisé pour inviter un contact, il faut scanner son QR code. Pas évident.

Une histoire qui rappelle le téléphone sécurisé du président de la République Teorem, un appareil ultra-sécurisé construit par Thalès, avec un clavier non tactile, sans répertoire ni application. L'appareil met une plombe à se mettre en route et  les présidents ont toujours préféré un bon vieil iPhone pour passer leurs coups de fil, au grand dam des services intérieurs qui regrettent ces imprudences.

Mais si le gouvernement voulait pousser l’argument de la souveraineté jusqu’au bout, il faudrait également que nos politiques puissent disposer d’autres appareils que ces beaux téléphones américains construits par Apple ou par le Sud-coréen Samsung.

Car on a beau avoir l’application la plus sécurisée du monde, le terminal sur lequel elle est installée a, lui-même, ses failles. Un détail qu'il ne faut pas oublier — ou plutôt Olvidar.

Journal de 8 h
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