Corps indigènes

Qu’est ce qui fait qu’en 1983, des jeunes des Minguettes initient la Marche sans être particulièrement politisés ? La première raison - longtemps oubliée - c’est qu’ils marchaient pour leurs morts, leurs frères, leurs fils, victimes de crimes racistes et sécuritaires. Aujourd’hui encore, la sociologue Rachida Brahim s’interroge: “Comment on se construit avec des morts sur plusieurs générations ? C’est quelque chose de dur à nommer. Avoir un corps pris dans le rapport colonial. Avoir un corps à mourir, comme ses parents ont eu un corps à mourir. ”

Les crimes racistes et les demandes de justice constituent hier comme aujourd’hui des constantes de l’histoire de France. Changement contemporain notable : les crimes racistes ne sont quasiment plus perpétrés par des personnes privées…Comment expliquer ces morts à répétition ? En quoi sont-ils liés à l’histoire coloniale française ? Pascal Blanchard nous éclaire sur cette histoire : “Les décolonisations ont ramené beaucoup de fonctionnaires de la police (...). Ils ont ramené des pratiques où les indigènes - par définition - étaient surveillés de manière différente. Il y a un renouvellement de la police dans les années 80. Ça ne veut pas dire que l’héritage ne reste pas. Surtout s’il n’a pas été interrogé et décolonisé. Nous héritons tous de l’histoire. Un corps de l’Etat hérite de son histoire également.”

Un documentaire de Charlène De Vargas, réalisé par Assia Veber.

AVEC :

• Hanifa Taguelmint, militante, leadeuse du collectif marseillais pour la Marche pour l’égalité et contre le racisme, Membre du collectif TIF-Memoires en marche à Marseille
• Naïma Huber Yahi, historienne et chercheure associée à l’URMIS (Université Côte d’Azur), membre de la commission Stora sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie
• Rachida Brahim, sociologue et chercheure associée au Laboratoire méditerranéen de sociologie (Aix-Marseille Université, CNRS, LAMES, Aix-en-Provence)
• Yvan Gastaud, historien, maître de conférences à l'UFR STAPS de l'université de Nice.
• Vanessa Codaccioni, politiste, MCF HDR au département de science politique Université Paris 8
• Assa Traoré, sœur d’Adama Traoré fondatrice du comité Adama, militante contre les violences policières
• Jean-Louis Arajol, ancien secrétaire général du syndicat SGP Police et de la FASP, président du collectif Police République et Citoyenneté
• Pascal Blanchard, historien, chercheur au CNRS au Laboratoire communication et politique, spécialiste du "fait colonial" et des immigrations en France,co-dirigeant de l'ACHAC
• Marwan Mohammed, sociologue, chargé de recherche au CNRS (Centre Maurice Halbwachs-Eris) et enseignant à Science Po Paris

ARCHIVES :

• Roger Etchegaray, archevêque de Marseille, 27 août 1973
• ORTF, Mohammed Bejaoui, ambassadeur d'Algérie en France, 20 septembre 1973
• ORTF, 20 septembre 1973
• France Inter, 19 février 1980
• Antenne 2, 30 octobre 1982
• France 3, 11 mars 2017
• France Inter, 21 juillet 2016
• France Inter, 21 juillet 2018
• France Inter, 27 juin 2023

FILMS :

• Les misérables, réalisé par Ladj Ly (2019)
• Dupont Lajoie, réalisé par Yves Boisset (1974)

MUSIQUE :

• B.O. du Film Indigènes - L'attente - chez AZ
• Tunisiano - Je porte Plainte - chez Columbia
• Kery James - Musique nègre - chez Suther Kane Films
• Chiens de Paille - Références - chez 361 Records
• La Rumeur - Pas de Justice Pas de Paix - chez La Rumeur Records
• Collectif de rappeurs - 13'12 contre les Violences policières - chez L'Inconsolable