L'économie selon Satyajit Ray

Satyajit Ray (1921-1992) demeure une figure éminente du cinéma mondial, particulièrement célèbre pour sa contribution à l'industrie cinématographique indienne. Réalisateur, scénariste, compositeur et écrivain, Ray est un artiste protéiforme qui a laissé un héritage artistique et intellectuel remarquable. Né à Calcutta, en Inde, il est surtout connu pour sa trilogie Apu, mais son œuvre va bien au-delà de cette série emblématique. L'œuvre de Ray est souvent saluée pour sa profondeur intellectuelle, sa subtilité narrative et son engagement envers les questions sociales et économiques. En explorant la réalité sociale indienne, il a capturé avec finesse les complexités des relations humaines (relations familiales, condition de la femme…), les défis socio-économiques (chômage, pauvreté des campagnes…) et les dynamiques culturelles de son époque (notamment l’influence de la domination britannique sur l’Inde). Par exemple, de la partition du Bengale en 1905, découle un peu plus tard un mouvement de boycott des produits britanniques, dont Satyajit Ray s’empare dans ses films. "A partir des années 1910, le mouvement Swadeshi promeut l’auto-approvisionnement, le boycott des produits britanniques pour mettre en échec d’un point de vue économique et non-violent la colonisation britannique", rappelle Charlotte Thomas.

Dans ses films, Satyajit Ray fait preuve d'une sensibilité aiguë en abordant des thématiques telles que la pauvreté, les inégalités de caste, l'injustice sociale et les tensions entre tradition et modernité.

Son cinéma offre une réflexion nuancée sur la condition humaine, évoquant des questions universelles tout en étant enraciné dans le contexte culturel spécifique de l'Inde. Ray a réussi à conjuguer esthétisme cinématographique et préoccupations sociales, créant ainsi un corpus cinématographique riche qui transcende les frontières géographiques et culturelles. D'ailleurs, selon Eva Markovits , "Ray avait un regard très pragmatique sur le cinéma. Il a dit que c’était l’art commercial le plus noble qu’il soit. Cette notion d’art commercial est importante, il n’est pas du tout dans le rejet de ça : il avait envie que les gens voient ses films, étaient très contents quand ses films étaient des succès, et pensait à son public".

Pour aller plus loin

• Eva Markovits : "Ray sur images", Cahiers du cinéma n° 769, octobre 2020
• Eva Markovits : "Satyajit Ray, filmer l'Inde autrement" dans le catalogue de l'exposition Bollywood Superstars au Louvre Abu Dhabi et Musée du Quai Branly, 2023

Références sonores

• Interview de Satyajit Ray par Pierre André Boutang, 1989
• Extrait du film " Satyajit Ray" par Shyam Benegal, 1982
• Extrait du film "Le fleuve" réalisé par Jean Renoir en 1951
• Extrait du film "La maison et le monde" réalisé par Satyajit Ray en 1984
• Lecture d'un extrait de La maison et le monde de Rabindranath Tagore
• Extrait du film "La Complainte du sentier" réalisé par Ray Satyajit en 1955
• Lecture du texte "Être réalisateur bengali”, Écrits sur le cinéma, 1958
• "Après le déluge, la désolation" de Vilayat Khan, Salon de la musique

Références musicales

• "Kumar Rabindrasangeet Tagore Song" de Kishore Kumar Ami Chini Go Chini Tomare
• "This Life" de Tinlicker feat. Tom Smith