COP28 : un accord fossilisé ?

La COP28 s'est terminée tard dans la nuit. ©AFP - Giuseppe CACACE
La COP28 s'est terminée tard dans la nuit. ©AFP - Giuseppe CACACE
La COP28 s'est terminée tard dans la nuit. ©AFP - Giuseppe CACACE
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Alors que la COP28 s'est clôturée cette nuit à Dubaï, l'heure est au bilan : quelles conclusions tirer de cette conférence, au cours de laquelle les énergies fossiles furent au centre du débat ?

Avec
  • Amy Dahan Historienne des sciences, mathématicienne, directrice de recherche émérite au CNRS, co-auteure avec Stefan C. Aykut de « Gouverner le Climat ? 20 ans de négociations climatiques ».
  • Christian de Perthuis Professeur d’économie et fondateur en 2010 de la chaire “Economie du climat” à Paris-Dauphine

La COP28 est terminée, l'heure est au bilan. Bien que le texte final évoque les énergies fossiles, les avancées majeures attendues n'ont pas eu lieu.

Un accord historique ?

“Pour la première fois, la mention 'énergies fossiles' apparaît dans un texte négocié. Même l’accord de Paris ne le mentionnait pas. De ce point de vue-là, on peut dire que c’est une avancée”, d'après Amy Dahan, historienne des sciences et directrice de recherche émérite au CNRS. Néanmoins, elle signale que cet accord s’inscrit dans une “fabrique de la lenteur”, tant les processus de négociations sont longs et peu féconds. Par ailleurs, l’accord prévoit une “transition” hors des énergies fossiles et non pas une sortie des énergies fossiles : “avant la COP, l’OPEP avait alerté sur le fait qu’une sortie des énergies fossiles allait mener à la chute de l’économie mondiale. Les pays producteurs de pétrole y sont fermement opposés”, ajoute-t-elle. La neutralité carbone, au sens où aucun carbone ne serait émis, est alors difficilement imaginable d'ici à 2050.

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20 min

L’omniprésence des lobbyistes

“Jamais, il n’y a eu autant de lobbies à une conférence sur le climat et la biodiversité. Il est clair que certains pays ont aussi négocié des contrats avec des entreprises d’hydrocarbures”, souligne Amy Dahan. En réalité, cette présence est due à l’immensité du lieu : les différents centres de la COP étaient éloignés de plusieurs kilomètres, donc les délégations devaient venir nombreux, notamment avec des lobbyistes. “C’est complètement absurde. Sur certains points, cette COP était aussi de l’ordre du spectacle plus que d’une véritable conférence diplomatique.”

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Deux années décisives à venir

Selon Christian de Perthuis, professeur d’économie à l’Université Paris-Dauphine, “cette COP est un tournant. La question de la sortie des énergies fossiles est centrale, bien plus que l’ajout d’énergies renouvelables. C’est une question qui a été largement éludée depuis une trentaine d’années”. Cependant, il insiste sur l’importance des deux années à venir : “les pays ont deux ans pour expliquer comment ils vont appliquer cette décision. C’est là que tout va se jouer.”

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