Champagne ! Les grandes maisons se font mousser : épisode • 1/2 du podcast Le réveillon de l’éco : les petits plats dans les grands

Un sommelier avec deux bouteilles de champagne lors de la Semaine du Champagne en 1932 en France. ©Getty - Keystone-France/Gamma-Rapho
Un sommelier avec deux bouteilles de champagne lors de la Semaine du Champagne en 1932 en France. ©Getty - Keystone-France/Gamma-Rapho
Un sommelier avec deux bouteilles de champagne lors de la Semaine du Champagne en 1932 en France. ©Getty - Keystone-France/Gamma-Rapho
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Dès le 17e siècle, le vin pétillant est associé à la fête. L’imposition du champagne résulte ensuite d’un long processus, dont le succès a été orchestré par de grandes maisons telles que Ruinart ou Veuve Clicquot.

Avec
  • Benoît Musset Maître de conférences en histoire moderne à l’Université du Maine
  • Christian Barrère Professeur de sciences économiques

Au 16e siècle l’expression “vin de champagne” n’est pas synonyme de vin pétillant : elle désigne tout simplement les vins produits dans les régions de Reims et d’Epernay, en majorité des vins rouges, d’une qualité moyenne. C’est un concours d’improbables circonstances qui aboutit à la découverte du vin mousseux de champagne par les Anglais dans les années 1660. La guerre franco-anglaise de 1689 met cependant fin à ce commerce prometteur. De l'autre côté de la Manche, en Champagne, la première trace de vins pétillants remonte à 1711. Contrairement au mythe, le moine dom Pérignon ne serait pas à l’origine de cette seconde découverte française du Champagne. Viticulteur hors pair, il aurait cependant posé les bases des principes techniques qui aboutiront à la fabrication du champagne : éclaircissement des vins, mise en bouteille et assemblage. Dans un premier temps largement dépendant du hasard, le processus de fabrication s’affine au cours du 17e siècle pour devenir, dans les années 1760, une activité rentable.

À cette époque, "les religieux ont des patrimoines importants et des moyens financiers assez élevés. Or, les vins en bouteille ajoutent un surcoût important de production, ce qui entraîne des dépenses que les religieux sont capables d'assumer. Par ailleurs, ces exploitations religieuses sont rentables globalement, mais officiellement, elles ne recherchent pas le profit", souligne Benoît Musset.

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Une période d’intense créativité managériale et juridique succède au cours du 19e siècle à cette phase d’innovation technique. La filière se structure progressivement autour des grandes maisons. Celles-ci tentent d’imposer par la loi des critères de qualité de manière à préserver la renommée du label “champagne” auprès de leurs prestigieux clients étrangers. C’est finalement la crise dramatique du phylloxera qui permettra de structurer la filière autour de critères d’excellence. Alors que l’année 1911 marque un point de tensions critiques entre les vignerons et les grandes maisons de champagne, c’est finalement la défense des intérêts communs du secteur qui triomphe avec la mise en place 1935 de la Commission de Châlons. Celle-ci unit vignerons et maisons dans le but de définir collégialement les règles d'élaboration des vins de Champagne.

Cette stratégie est particulièrement efficace : elle aboutit en 1936 à la création de la première appellation d’origine contrôlée. Un label qui assure alors d’importantes rentes à l’ensemble du secteur. "Ce régime d'appellation, ce n'est pas simplement quelque chose qui va sanctionner la qualité du vin de champagne, c'est quelque chose qui va en même temps imposer à l'ensemble du secteur de faire de la bonne qualité", précise Christian Barrère.

Enfin, au cours de la deuxième moitié du 20e siècle, le champagne s’impose comme le premier produit de luxe de masse : la production est désormais industrielle et la palette des consommateurs s'élargit.

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Références sonores

Références musicales

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