La loi immigration sonne-t-elle le glas du macronisme ?

Emmanuel Macron l'a martelé, l'adoption de la loi immigration n'est pas une victoire idéologique de Marine Le Pen et l'extrême droite. Le président assiste impuissant à l'effondrement de sa recette du "en même temps". Pour preuve, le chef de l'État a respecté la démission de son ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, qui rejette en bloc l'adoption de la loi.

Une victoire pour le Rassemblement national ?

L’adoption de la loi immigration apparaît pour beaucoup commeune véritable victoire pour le parti de Marine Le Pen. Pour Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS et au Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF), “cette loi est effectivement une sorte de victoire pour le Rassemblement National. Ce parti influence désormais l’idéologie des partis de droite, dont Les Républicains. Dans cette affaire, il y a une transformation du champ politique français avec une véritable droitisation de l’opinion. La compétition pour 2027 se joue en ce moment”. À cela, Astrid de Villaines, cheffe du service politique du HuffPost et productrice de Sens politique sur France Culture, répond qu’il ne s’agit pas de la première victoire de l’extrême droite depuis la réélection d’Emmanuel Macron, mais que cette loi est tout à fait singulière : “il ne s’agit pas d’un texte économique ou d’un jeu politique. Là, le Président a accordé une victoire idéologique à Marine Le Pen”.

Le principe de "préférence nationale" va-t-il de pair avec le macronisme ?

Une dizaine de mesures font principalement débat au sein de cette loi : instauration de quotas migratoires, déchéance de nationalité, durcissement du regroupement familial ou encore restrictions à l’accès aux aides sociales. “Dans le fond, on retrouve l’idée qu’il faut reconnecter les droits sociaux avec la nationalité. C’est là qu’on a l’idéologie du Rassemblement National”, souligne Luc Rouban. Ce texte, qui sort de la Commission mixte paritaire, n’a de plus aucun rapport avec le texte initial proposé par Gérald Darmanin en 2022, rappelle Astrid de Villaines.

L’extrême droite aussi divisée

Eric Zemmour déclare que cette loi est “pire que rien” et qu’elle permet toujours plus de régularisations de travailleurs clandestins. Pour Luc Rouban, cette déclaration montre les divisions au sein de l’extrême droite française : “Marine Le Pen s’est davantage focalisée sur des enjeux sociaux quand Eric Zemmour se concentre principalement sur la question identitaire”.