La fin des énergies fossiles est-elle une illusion ?

Un derrick pétrolier à proximité d'un incendie qui fait rage sur le site pétrolier de Zarba à al-Qahtaniyah dans le nord-est de la Syrie, le 5 octobre 2023. ©AFP - Delil SOULEIMAN
Un derrick pétrolier à proximité d'un incendie qui fait rage sur le site pétrolier de Zarba à al-Qahtaniyah dans le nord-est de la Syrie, le 5 octobre 2023. ©AFP - Delil SOULEIMAN
Un derrick pétrolier à proximité d'un incendie qui fait rage sur le site pétrolier de Zarba à al-Qahtaniyah dans le nord-est de la Syrie, le 5 octobre 2023. ©AFP - Delil SOULEIMAN
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La COP28 a abouti pour la première fois à un accord encourageant les États à s’éloigner des énergies fossiles. Pour autant, la consommation mondiale de pétrole, gaz, charbon ne cesse d’augmenter. En promesses et réalités, le monde se donne-t-il les moyens de lutter contre le changement climatique ?

Avec
  • Marc-Antoine Eyl-Mazzega Directeur du Centre Energie et Climat de l’Ifri, spécialiste des échanges gaziers entre la Russie, l’Ukraine et l’Union européenne
  • Anne Bringault Directrice des programmes au Réseau Action Climat

Pour la première fois, à l’issue de la COP28, les États signataires ont décidé d’une transition hors des énergies fossiles. Or la prochaine COP se tiendra l’an prochain en Azerbaïdjan, un pays pétrolier. Sans compter que l’extraction du charbon, du gaz et du pétrole atteint, cette année encore, des sommets.

Dans ces conditions, quelles politiques faut-il mettre en œuvre pour atteindre les objectifs climatiques ? Une pression sur les pays producteurs est-elle indispensable ou une maîtrise de la consommation est-elle plus efficace ?

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Entre majors pétrolières européennes et Etats

Les majors pétrolières européennes déploient le plus de projets” explique Marc-Antoine Eyl-Mazzega. “Elles gagnent énormément d’argent sur le pétrole et peuvent en mettre dans les énergies renouvelables. Aujourd’hui, produire des hydrocarbures reste rentable et moins risqué que de produire des technologies bas carbones et de les déployer. Notre système et notre demande sont comme ça. Malheureusement, il aurait fallu commencer tous ces efforts il y a 10 ans, car maintenant nous sommes confrontés à la rareté du temps, de l’argent et des moyens”.

Anne Bringault rétorque que “le système a été organisé pour des acteurs économiques autour des énergies fossiles. Le rôle de l’Etat est important pour remettre l’intérêt général au cœur, sortir des intérêts économiques des activités actuelles afin de se tourner vers les intérêts économiques des activités de demain. Il y a du business à faire, des emplois à créer. Simplement, il faut réorienter et ce ne seront pas forcément les mêmes entreprises qui gagneront de l’argent demain”.

Une réorientation mondiale nécessaire

Pour Marc-Antoine Eyl-Mazzega, “il n'y a pas de technologies bas carbones pas chères. Au fond, c'est un bouleversement immense. En Europe, nous avons la volonté d'avancer, mais nous voyons bien déjà les coûts qui montent pour toutes les catégories de consommateurs et d’industriels. En France, nous sommes beaucoup mieux protégés qu'ailleurs, mais nous ne pouvons pas faire cette transition si nous sommes un îlot au milieu du reste du monde qui, lui, ne la fait pas. Comment avancer de façon résiliente, en essayant d'emmener le reste du monde dans un contexte très dégradé par la guerre et par les taux d'intérêt élevés ?

Si nous faisons notre transition mais que le reste du monde reste sur les énergies fossiles, nous perdons tout puisque le changement climatique va tous nous impacter” concède Anne Bringault. “Effectivement, il faut absolument que les autres pays fassent aussi cette transition. Sur le prix de l'électricité ou de l'énergie globalement en augmentation, l'idée est de baisser la facture. Par exemple pour le chauffage, en isolant parfaitement son logement. La facture est une quantité multipliée par un prix, si la quantité consommée baisse, la facture n'augmente peut-être pas, même si le prix unitaire de l'énergie va augmenter”.

Le Biais d'Heïdi Sevestre
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Comme chaque mois, retrouvez en fin d'émission  Le rendez-vous de la médiatrice de Radio France par Emmanuelle Daviet qui débattra du traitement éditorial du conflit entre Israël et le Hamas, accompagnée de Guillaume Erner, le producteur des Matins de France Culture.

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