Michel Pastoureau et son bestiaire historique : "Tout est bon dans la baleine"

Chasse à la baleine, estampe du XIXème siècle ©Getty - Andrew Howe
Chasse à la baleine, estampe du XIXème siècle ©Getty - Andrew Howe
Chasse à la baleine, estampe du XIXème siècle ©Getty - Andrew Howe
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Historien médiéviste qui a donné ses lettres de noblesse à l'histoire des animaux, des couleurs mais aussi aux blasons héraldiques, Michel Pastoureau publie un nouvel ouvrage où la baleine est reine !

Avec
  • Michel Pastoureau Historien, directeur d'études à l’École pratique des hautes études

Michel Pastoureau est historien depuis plus de 50 ans, et durant ces quelques décennies il s'est forgé une place singulière dans ce paysage scientifique : abordant des sujets dédaignés, travaillant des objets parfois même méprisés (les couleurs, les animaux, les blasons...), mais parvenant toujours à les redorer.

Son défi ? Nous faire découvrir ce qu'il y avait dans la tête, dans les yeux et dans le cœur de nos ancêtres. Que pensaient-ils ? De quoi étaient faites leurs histoires, leur imagination ? Comment voyaient-ils les couleurs, le noir, le jaune ou le bleu ? Comment voyaient-ils les animaux, le loup ou le corbeau ? Pour le savoir, il nous embarque dans les entrailles d'un mastodonte des mers, avec La Baleine : une histoire culturelle, aux éditions du Seuil.

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La baleine a son histoire

Michel Pastoureau rappelle qu'au moment de la sortie du Pinocchio de Walt Disney en 1940, la société connait une prise de conscience collective sur le sort de la baleine : "Juste avant la Seconde Guerre mondiale, il y a des projets de commissions baleinières internationales, qui, du point de vue institutionnel, ne verront le jour qu'au lendemain de la Guerre, mais qui sont déjà dans l'air du temps. Dans les années 50-60, on est successivement venu à des quotas, puis à des moratoires et enfin à des interdictions. Aujourd'hui, il n'y a plus que trois pays qui avouent pêcher encore la baleine : la Norvège, le Japon et l'Islande".

Comme le loup sur lequel l'historien a déjà travaillé, l'image de la baleine se renverse au fil des siècles : "Ce sont deux animaux redoutables, deux ogres, un monstre dans le cas de la baleine, un être très cruel dans le cas du loup. Vers la fin du XIXe siècle, assez rapidement, l'image de ces deux animaux s'inverse. On passe du grand méchant loup au grand gentil loup, qui affronte les trois méchants petits cochons et la baleine, c'est un peu pareil. Vers la fin du XIXe siècle, c'est l'être humain qui est devenu très méchant et la baleine qui est devenue gentille, ça ne fait que s'accentuer au cours du XXe siècle".

À voix nue
29 min

Dans le bestiaire de Michel Pastoureau

Après le corbeau, le loup ou le cochon, Michel Pastoureau passe au crible le mastodonte des mers. Mais alors, comment travaille-t-il ? "Je travaille sur l'histoire culturelle des animaux, l'histoire de la zoologie et des rapports entre l'homme et l'animal depuis 55 ans, je ne prends pas les animaux un par un, dans les documents, ils sont groupés".

Partant ici de la baleine, il élargit son étude : "'Baleine', c'est générique, en m'y intéressant, je parle aussi de tout ce qui concerne les animaux marins, le concept de poisson par exemple".

L'historien le souligne : à partir de l'histoire culturelle de ces animaux, "c'est l'histoire des représentations collectives, des croyances, des superstitions et des savoirs. C'est pour cela que la zoologie est une forme d'histoire culturelle".

Extraits sonores :

  • Extrait du film Pinocchio (1940) de Walt Disney
  • Extrait de l'historien Alain Corbin dans l'émission Le Cours de l'histoire sur France Culture en avril 2020
  • Extrait du film Perceval le Galois (1978) d'Éric Rohmer
  • Chanson de fin : Maître corbeau de Max Zappy

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