Russie/Ukraine : la société ukrainienne de guerre lasse ?

Des résidents d'un immeuble de Kiev inspectent les dégâts causés par un drone de l'armée russe ©Getty - Sopa Images
Des résidents d'un immeuble de Kiev inspectent les dégâts causés par un drone de l'armée russe ©Getty - Sopa Images
Des résidents d'un immeuble de Kiev inspectent les dégâts causés par un drone de l'armée russe ©Getty - Sopa Images
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En Ukraine, l'aide internationale est indispensable au maintien des forces armées contre la Russie. Des pays commencent toutefois à débattre de leur financement, ce qui inquiète fortement la population. Près de 2 ans après le début de la guerre, comment la société ukrainienne vit-elle le conflit ?

Avec
  • Christine Dugoin-Clément chercheure pour la chaire risque de l'IAE Paris-Sorbonne, à l’observatoire de l’intelligence artificielle de Paris 1, et au CREOGN (Centre de Recherche de l'École des Officiers de la Gendarmerie nationale).
  • Iryna Slavinska Journaliste et écrivain ukrainienne

Le 24 février prochain, la guerre en Ukraine entrera dans sa deuxième année. Alors que les offensives se succèdent sans véritables avancées, les doutes se multiplient dans le camp des pays alliés et les craintes de la société ukrainienne se font ressentir.

L'Ukraine peut-elle produire son armement ?

Christine Dugoin-Clément déclare que le déploiement en Ukraine d'une industrie d'armement est compromise : "il y a une capacité de construction en Ukraine, et un complexe militaire ou industriel. Cependant, cela suppose d'avoir des licences pour produire en Ukraine. Il faudra alors que les entreprises acquièrent la propriété intellectuelle nécessaire ainsi que l'accord pour délocaliser une partie de la production." La chercheuse ajoute que les usines construites à cet effet deviendront des enjeux stratégiques et des potentielles cibles pour les frappes russes.

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Cultures Monde
58 min

Comment décrire la situation militaire ?

La spécialiste rappelle que contre-offensive ukrainienne n'a pas réussi à libérer la part importante des territoires occupés par la Russie. Les médias pro-russes se sont alors empressés de parler d'une défaite pour l'Ukraine, ce qui alimente la "ukrainian fatigue", c'est-à-dire la baisse progressive du soutien militaire et financier de l'Occident envers l'Ukraine : "effectivement, l'Ukraine n'a pas réussi à faire la percée qu'elle avait faite à l'été 2022, mais la Russie de son côté n'a pas non plus atteint son objectif de gain de territoire massif. Les affrontements demeurent sur une position plus ou moins maintenue, avec des avancées et des reculs en km² qui sont extrêmement limités pour des coûts d'ailleurs humain et matériels importants." Christine Dugoin-Clément explique également que les deux camps ont des approches  différentes, entre l'Ukraine qui tente de sauvegarder relativement son capital humain, tandis que la Russie est allée à grand renfort sur ses ressources humaines.

Les Enjeux internationaux
10 min

La voix d'une journaliste et écrivaine ukrainienne

Irina Slavinska rejoint le plateau de la Matinale depuis sa voiture à Kiev : "actuellement, la ville ressemble à un embouteillage parce qu'on a eu une longue alerte ce matin. Donc tous les actifs comme moi par exemple sommes sortis des abris et nous sommes en route vers le bureau." La journaliste témoigne du moral de la société ukrainienne : "à mon avis, le moral est très fort si on parle des Ukrainiens ou des Ukrainiennes. Les différentes attaques que subissent les villes ukrainiennes, et notamment Kharkiv et Zaporijia ne peuvent qu'impacter le quotidien des Ukrainiens. Le moral reste toutefois en acier, et si l'on s'en remet aux sondages des sociologues, il n'y a que la victoire qui est envisageable pour les Ukrainiens."

6 min

L'équipe