Remaniement : toujours la même histoire ?

La Première ministre sortante Elisabeth Borne prononce un discours à côté du nouveau Premier ministre Gabriel Attal, le 9 janvier 2024 à Paris ©AFP - LUDOVIC MARIN
La Première ministre sortante Elisabeth Borne prononce un discours à côté du nouveau Premier ministre Gabriel Attal, le 9 janvier 2024 à Paris ©AFP - LUDOVIC MARIN
La Première ministre sortante Elisabeth Borne prononce un discours à côté du nouveau Premier ministre Gabriel Attal, le 9 janvier 2024 à Paris ©AFP - LUDOVIC MARIN
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À 34 ans seulement, Gabriel Attal est devenu le plus jeune Premier ministre de la Ve République. Depuis sa nomination, il travaille à la composition de son futur gouvernement. Les tractations ont débuté et les échanges vont se poursuivre toute la journée. À quoi faut-il s'attendre ?

Avec
  • Nicolas Roussellier Professeur d'histoire politique à Sciences Po
  • Claire Gatinois Journaliste au Monde

La nomination de Gabriel Attal comme Premier ministre n'est pas une surprise. Plébiscité dans les sondages, le jeune Premier ministre semble être le seul en capacité d'affronter Jordan Bardella lors des prochaines élections européennes.

Un profil typiquement macroniste

Comme le note Claire Gatinois, "c'est quelqu'un qui vient de la gauche. Il a été le conseiller de Marisol Touraine, il a milité au Parti Socialiste dans sa première jeunesse. Aujourd'hui, au sein du gouvernement, notamment depuis qu'il a pris la tête de l'Éducation nationale en juillet dernier, il a mis en œuvre une politique qu'on pourrait qualifier de droite, avec d'entrée l'interdiction de l'abaya, un discours très axé sur l'autorité. Il est représentatif de cette malléabilité idéologique de la Macronie."

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"L'atout du macronisme, c'est qu'il s'agit d'une doctrine qui n'est pas vraiment caractérisée, donc cela offre une souplesse dans le choix du Premier ministre, abonde Nicolas Roussellier. On peut opter pour des hauts fonctionnaires pas très connus, comme Jean Castex, ou des profils beaucoup plus politiques comme Gabriel Attal, qui est peut-être un des seuls produits politiques de la génération Macron, du macronisme."

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Un remaniement loin d'être anodin

"Il y a beaucoup d'auditeurs qui pensent peut-être que ce remaniement n'est pas très important, que c'est de la communication et que ça n'embraye pas sur le réel, remarque Nicolas Roussellier. Cette vision est d'ailleurs partagée par une partie de la presse de gauche. Mais changer de Premier ministre, ce n'est changer de collaborateur, je vais contre cette idée. Être Premier ministre, c'est aller seul à l'Assemblée pour faire voter des lois, en embarquant sa majorité, ses partenaires, en faisant preuve d'éloquence politique. Il mène aussi les campagnes électorales : Gabriel Attal ne va pas être tête de liste du camp présidentiel aux Européennes, mais il sera de fait le chef de file, le leader politique. C'est lui qui va mettre les mains dans le cambouis."

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Reconstruire la majorité

"Gabriel Attal aborde la face nord du quinquennat, cela va être extrêmement compliqué pour lui, souligne Claire Gatinois. La majorité est complètement fracturée et traumatisée par ce qui s'est passé avec le projet de loi immigration. Il va devoir essayer de montrer aux macronistes historiques qui se sentent complètement trahis par ce texte que le macronisme existe encore ? qu'on est toujours dans le dépassement et qu'on n'a pas renoncé aux idéaux d'origine."

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