Débat : l’Europe et les États-Unis se sont-ils trompés sur la Russie de Poutine ?

Vladimir Poutine, Moscou, 26.04.2022 ©AFP - NATALIA KOLESNIKOVA
Vladimir Poutine, Moscou, 26.04.2022 ©AFP - NATALIA KOLESNIKOVA
Vladimir Poutine, Moscou, 26.04.2022 ©AFP - NATALIA KOLESNIKOVA
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En tête des ventes dans la catégorie essais, "La Défaite de l’Occident" d’Emmanuel Todd, attire par ses thèses dénoncées comme pro-Poutine. Nous en débattons ce matin en compagnie de son auteur et de Bernard Guetta, député européen (Renew Europe) et ancien correspondant à Washington et Moscou.

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Peut-on formuler des prospections en temps de guerre ?

L'historien Emmanuel Todd énonce deux surprises à laquelle les experts ne s'attendaient pas lorsque l'invasion russe en Ukraine a été déclenchée : "la résistance des Ukrainiens est quelque chose auquel on ne s'attendait pas. Les Ukrainiens sont bien équipés grâce à l'aide de la Russie. Avant la guerre, l'Ukraine était considérée comme un Etat en faillite. Pourtant, je pense que l'Ukraine a finalement trouvé dans la résistance à la Russie une raison d'exister."  Le deuxième constat auquel l'Europe ne s'attendait pas, selon l'historien est la résistance de la Russie aux sanctions économiques : "il faut se souvenir de Bruno Le Maire annonçant que la coupure de SWIFT, le réseau interbrancaire, allait mettre à genoux l'économie russe, alors que nos dirigeants auraient dû savoir que ce n'était pas possible. David Teurtrie dans son ouvrage "Le retour de la puissance", paru un peu avant la guerre, expliquait que les Russes s'étaient préparés à ça." Si l'historien admet que la Russie a connu des difficultés d'adapation face à ces sanctions, il insiste sur le fait qu'ils ne se sont pas installés dans une économie de guerre, car "Poutine a préservé les acquis du retour à la normale de la société russe dans les 20 dernières années."

Bernard Guetta, député européen, émet une prospection sur le futur à court terme : "les russes ont cinq mois pour gagner la guerre, car dans cinq mois, peut-être 6, les Ukrainiens disposeront pour la première fois d'une véritable couverture aérienne. Les avions militaires qui ont été promis par les occidentaux arriveront. Je ne dis pas que ce soit la modification absolue, mais c'est un élément très important de modification. Deuxièmement, si Poutine n'a pas réalisé une percée significative dans les cinq mois qui viennent, il sera obligé de lancer un nouvel ordre de mobilisation, dans son propre pays naturellement. Si cela arrive, le mécontentement qui est en train de croître à basse intensité, le mécontentement risquera d'exploser."

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Concordance des temps
58 min

À l'issue de cette guerre, quel avenir pour l'OTAN ?

"Il est très possible que l'OTAN soit dissoute, mais pas du tout par l'effet d'une victoire russe, l'OTAN pourrait être dissoute par Donald Trump s'il est réélu en novembre prochain. Son ambition déclarée n'était pas de dissoudre formellement l'organisation, mais de l'affaiblir au point que plusieurs pays se retournent vers les États-Unis dans une tentative d'accords bilatéraux avec Washington. Je pense que l'ambition de Donald Trump serait par là de casser l'Union Européenne et en vérité de s'entendre avec Vladimir Poutine sur le dos non seulement des Ukrainiens mais des Européens." déclare Bernard Guetta. Le député européen considère que l'Alliance Atlantique est menacée.

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