En autorisant la prospection minière de ses fonds marins, la Norvège crée-t-elle un précédent dangereux ?

Photographie publiée par l'Agence japonaise pour les sciences et technologies marines et terrestres montre une zone de nodules de manganèse, le 17/04/16 ©AFP - AFP PHOTO / JAMSTEC
Photographie publiée par l'Agence japonaise pour les sciences et technologies marines et terrestres montre une zone de nodules de manganèse, le 17/04/16 ©AFP - AFP PHOTO / JAMSTEC
Photographie publiée par l'Agence japonaise pour les sciences et technologies marines et terrestres montre une zone de nodules de manganèse, le 17/04/16 ©AFP - AFP PHOTO / JAMSTEC
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La Norvège a voté une loi autorisant la prospection minière des fonds marins. Objectif : la recherche de métaux et de terres rares visant à réussir sa transition énergétique. Une décision qui inquiète la communauté scientifique. Pourrait-elle devenir le fournisseur de métaux stratégiques de l'UE ?

Avec
  • Mathilde Cannat Géologue, directrice de recherche CNRS dans l’équipe de géosciences marines de l’Institut de Physique du Globe de Paris
  • François Chartier Chargé de campagne Océan chez Greenpeace France
  • Christophe Poinssot Directeur général délégué et directeur scientifique du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM)

La Norvège, grand exportateur de gaz et de pétrole, votait une loi le 9 janvier dernier permettant la prospection minière sous-marine autour de l’archipel arctique du Svalbard sur un territoire grand comme la moitié de la France.

Le gouvernement norvégien justifie de se lancer dans cette exploration, sans exploitation prévue pour l’instant, en raison de la dépendance européenne en matière de matériaux stratégiques qui pourraient se trouver, selon lui, dans ces fonds marins.

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Mais, ce faisant, il crée aussi un précédent, car si tous les pays ne sont pas d’accord sur l’interdiction d’exploitation de ces fonds, sept pays de l’Union européenne, dont la France, l’Espagne et l’Allemagne, ainsi que la Suède et la Finlande, tous deux voisins de la Norvège ont appelé à une pause dans l’exploitation minière sous-marine.

Quelles sont les motivations de la Norvège ? Pourquoi est-elle une des premières au monde à se lancer ? Quels risques comportent cette exploration sans exploitation immédiate ?

Une exploitation risquée

En tant que scientifique, Mathilde Cannat souligne que “nous nous intéressons à répondre et à réunir les informations scientifiques qui permettent d’aborder la question de l’impact et du dommage, mais aussi la question des instruments de protection pour bien protéger un écosystème aussi complexe que ces immenses masses d’eau composées d’organismes dont on ne connait pas tout. Nous sommes en train d’y apporter des perturbations, et nous ne savons pas comment les organismes vont y répondre”.

“Les ressources qui sont présentes dans les fonds marins sont des ressources d'intérêt mais pour autant ce n’est pas une raison pour les exploiter" précise Christophe Poinssot"Par rapport à l'impact qu'aurait cette exploitation sur l'environnement, vraisemblablement plus important que celui pourrait avoir une mine, non pas à la Zola, à la Germinal, mais une mine durable, conçue pour avoir un impact environnemental le plus faible possible, pour être développée en lien étroit et en partenariat avec les populations locales, pour qu'elles puissent bénéficier de cette activité”.

Finalement, François Chartier analyse “qu'il y a énormément de mystifications et de fausses idées ou d'idées reçues autour de ce sujet. Nous parlons de terres rares, de métaux rares, c'est un peu comme si nous parlions de trouver l'Eldorado. La réalité est beaucoup plus triviale, nous parlons du cuivre, du cobalt, du nickel et du manganèse. Ce sont des éléments que nous trouvons plus ou moins partout, ces fameuses terres rares du fond des océans n'existent pas en grande quantité”.

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