Agriculteurs : les espoirs en jachère ?

barrages routiers sur l'autoroute A6 près d'Ormoy, au sud de Paris, le 29 janvier 2024. ©AFP - EMMANUEL DUNAND
barrages routiers sur l'autoroute A6 près d'Ormoy, au sud de Paris, le 29 janvier 2024. ©AFP - EMMANUEL DUNAND
barrages routiers sur l'autoroute A6 près d'Ormoy, au sud de Paris, le 29 janvier 2024. ©AFP - EMMANUEL DUNAND
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En Bretagne, en Normandie ou dans les Bouches-du-Rhône, que demandent les agriculteurs français ? Nous partons ce matin à leur rencontre pour leur donner la parole et tenter de comprendre les problématiques nationales, mais aussi locales qui agitent le secteur.

Avec
  • Véronique Le Floc’h Eleveuse laitière, présidente de la Coordination rurale
  • Romain Blanchard secrétaire général adjoint FNSEA viticulteur et céréalier dans les Bouches-du-Rhônes
  • François-Xavier Hupin Secrétaire général adjoint du syndicat Jeunes Agriculteurs, ancien maraîcher devenu céréalier en Normandie
  • Stéphane Galais éleveur bovin à Dol-de-Bretagne, Secrétaire national de la Confédération Paysanne

Le prix du lait en question

"Aujourd'hui, la part qui devrait revenir à un agriculteur est au-dessus de 50 centimes pour couvrir ses charges, et même encore plus, explique Véronique Le Floch, éleveuse laitière en Bretagne. Il faut en général 10 centimes de plus quand vous vous installez, parce que vous avez les frais de reprise. Pour un jeune, il faudrait donc une vente au litre à 60 centimes. Le compte n'y est pas actuellement, surtout en ce début d'année où des gros faiseurs comme Lactalis annoncent des prix autour de 41 centimes."

Le Reportage de la Rédaction
4 min

L'agriculteur, acteur déterminant des territoires

"Nous demandons de la considération pour ce que nous apportons à la nation, souligne Romain Blanchard, viticulteur et céréalier dans les Bouches-du-Rhône. L'agriculture, c'est une activité économique non délocalisable. L'agriculture, c'est une part importante de l'aménagement du territoire. On contribue très largement au tourisme, qui est une activité importante dans notre pays en entretenant tous les paysages et les écosystèmes de notre territoire. Mais pour avoir récemment rencontré l'administration, je crois que les serviteurs de l'État n'ont pas encore bien saisi le nœud du problème. Il faut que nous puissions co-construire une politique agricole nationale ou européenne qui sera en cohérence avec ce que nous vivons."

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Le Temps du débat
38 min

La question de la rémunération

"Ce n'est pas le salaire qu'on donne aux salariés qui pose problème aujourd'hui dans l'agriculture, c'est surtout l'envie du salarié pour venir travailler, pense François-Xavier Huppin, maraîcher et céréalier en Normandie. Je n'ai jamais une candidature au moment des asperges pour venir ramasser, alors que les personnes qui sont au champ sont au SMIC. Ce n'est pas le métier le plus sympathique du monde. Je ne dis pas que c'est la faute de l'industrie, je ne suis d'ailleurs pas sur un modèle industriel : mais cela m'a contraint à arrêter certaines choses."

La Question du jour
8 min

L'enjeu de l'eau

"Dans la région, la ressource n'est plus suffisante pour tout le monde, affirme Romain Blanchard. On en a assez pour l'agriculture, on en a assez pour donner de l'eau potable à nos concitoyens, mais si on commence à multiplier les usages avec la même réserve, il n'est pas compliqué de comprendre qu'on va finir par manquer de stock."

"Il faut permettre aux agriculteurs de stocker l'eau de l*'hiv**er pour l'utiliser l'été*, indique Véronique Le Floch. Quand il s'agit de retenues collinaires, ça ne pose pas de problème. Quand il s'agit de bassines qui s'alimentent à partir des nappes phréatiques, elles respectent des normes et des niveaux de prélèvement de pompage qui sont en fait dictés par rapport au Bureau de recherches géologiques et minières."

"Il faut que tous les paysans et paysannes puissent vivre de leur métier, et avoir accès à l'eau, c'est une notion évidente, précise Stéphane Galais, éleveur bovin en Bretagne. Mais il faut faire aussi avec le vivant, et bien déterminer les usages de l'eau : si c'est pour accélérer sur l'agro-industrie, à la Confédération paysanne, nous ne sommes pas d'accord."

Cultures Monde
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