L'économie selon Yves Klein : épisode • 94 du podcast L'économie selon...

Tableau d'Yves Klein, peinture réalisée en utilisant le corps féminin comme « pinceaux vivants » en 1960-61 ©Maxppp - NATIONAL PICTURES/MAXPPP
Tableau d'Yves Klein, peinture réalisée en utilisant le corps féminin comme « pinceaux vivants » en 1960-61 ©Maxppp - NATIONAL PICTURES/MAXPPP
Tableau d'Yves Klein, peinture réalisée en utilisant le corps féminin comme « pinceaux vivants » en 1960-61 ©Maxppp - NATIONAL PICTURES/MAXPPP
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En quoi la démarche et les œuvres d'Yves Klein questionnent-elles la valeur de l'art contemporain à la fin du 20e siècle ?

Avec
  • Sophie Cras Maître de conférences en histoire de l'art contemporain à l'université Panthéon-Sorbonne (Paris 1)
  • Denys Riout Professeur émérite d'histoire de l'art moderne et contemporain, à l'Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne

Yves Klein, né le 28 avril 1928 à Nice, émerge comme un artiste polymorphe dont le parcours singulier traverse l'art et la réflexion économique. Son Manifeste du Chelsea Hotel (1961), énonçant son dégoût pour les oiseaux perturbant son ciel bleu, annonce déjà un esprit qui transcende les frontières traditionnelles de l'art. Initialement attiré par le judo, Klein s'engage définitivement dans l'art en 1954, lançant ainsi son audacieuse "Aventure monochrome".

Cette exploration artistique ne se limite pas à la couleur et à la forme, mais s'étend à la remise en question radicale de la valeur de l'œuvre d'art. Klein questionne la dichotomie entre la matérialité et l'immatérialité, interrogeant si la valeur réside dans le tableau lui-même, dans l'identité de l'acheteur, dans le geste de l’artiste ou encore, in fine, dans la sensibilité.

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Sa réflexion évolue au-delà de l'ordre immuable de la beauté pour s'aventurer dans les règles fluctuantes du marché.
Ainsi, dans les années 1960, alors que la France du Général de Gaulle connaît plusieurs réformes monétaires, "Yves Klein fait une proposition un petit peu provocatrice : l'étalon art plutôt que l'étalon or. Il propose littéralement de vider les banques centrales de leurs réserves d'or, pour y mettre à la place des œuvres d'art qui tiendront lieu d'étalons immatériels, plutôt que strictement matériels", note Sophie Cras. Comme l'analyse Denys Riout, Yves Klein " décale les habitudes du marché pour nous faire comprendre quelque chose sur sa propre pratique et sur les qualités particulières qu'il estime être celles de ses œuvres, et notamment de ses monochromes ".

Pour aller plus loin

  • Sophie Cras : L'économie à l'épreuve de l'art. Art et capitalisme dans les années 1960 (Les presses du réel, 2018) sous la direction de Cecilia Braschi et Denys Riout : Yves Klein. Intime (In fine/Culturespaces, 2022)
  • Denys Riout : Portes closes et œuvres invisibles (Gallimard, 2019)
  • Denys Riout : Yves Klein, l'aventure monochrome (Découvertes Gallimard, 2006)
Toute une vie
58 min

Références sonores

Références musicales

  • "Symphonie - Monoton.Silence (1947 ... 1961)",  Yves Klein - Ensemble Spectrum
  • "Volare (Nel blu dipinto di blu)" de Lita Roza

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