Extradition vers les États-Unis : le dernier recours de Julian Assange

Un homme tient une pancarte "Free Assange" devant le palais de justice, Londres, février 2024 ©AFP - JUSTIN TALLIS / AFP
Un homme tient une pancarte "Free Assange" devant le palais de justice, Londres, février 2024 ©AFP - JUSTIN TALLIS / AFP
Un homme tient une pancarte "Free Assange" devant le palais de justice, Londres, février 2024 ©AFP - JUSTIN TALLIS / AFP
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L’affaire Julian Assange est une saga qui n’en finit plus. Ce mardi 20 février, la justice britannique a commencé à examiner le recours du cofondateur de WikiLeaks, contre son extradition vers les États-Unis, où il sera jugé pour espionnage.

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Julian Assange risque jusqu'à 175 années de prison outre-Atlantique pour espionnage s'il est extradé. Le lanceur d'alerte a diffusé près de 700 000 documents classifiés de l'armée américaine. Le fondateur de WikiLeaks tente un dernier recours pour éviter son extradition. Sa santé s'étant considérablement dégradée, Julian Assange n'assiste pas à l'audience.

L’ultime volet de la procédure judiciaire ?

Fondateur du site WikiLeaks, Julian Assange est aujourd’hui exposé à un mandat d’extradition vers les États-Unis où il encoure une peine de 175 ans de prison pour avoir organisé la fuite de milliers de documents américains classifiés sur les guerres en Afghanistan et en Irak et les stratégies diplomatiques du pays. Le journaliste à la cellule enquête de Télérama Olivier Tesquet, co-auteur de Dans la tête de Julian Assange (2020), détaille pourquoi cette affaire est revenue ces derniers jours sur le devant de la scène médiatique. “Nous sommes à la dernière marche avant l’extinction de la procédure au Royaume-Uni. Il y a trois ans, son extradition avait été refusée par une première juge britannique au motif de sa santé précaire. Finalement, les magistrats ont été convaincus par les garanties sur sa détention éventuelle aux États-Unis apportées par les autorités américaines. Ainsi, l’ordre d’extradition avait été signé l’été dernier, mais Assange en a fait appel. Aujourd’hui, la Haute Cour de justice examine la recevabilité de cet appel. S’il est finalement refusé, Assange n’aura plus qu’une seule cartouche, mais qui ne relève pas du droit britannique. C’est la Cour européenne des droits de l'homme. Ses avocats ont d'ailleurs déjà annoncé qu'ils la saisiraient.”

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Une personnalité clivante

Considérant l’étendue et la gravité des révélations publiées sur son site d’information, Julian Assange reste une figure largement controversée. Défenseur de la liberté de l’information pour certains, traitre irresponsable et provocateur pour d’autres, Olivier Tesquet nous explique l’ambivalence du personnage. “Personnellement, je considère Julian Assange à la fois comme un journaliste et un lanceur d’alerte. C’est un homme qui a tout embrassé et revendiqué, créant des débats sans fin sur ses fonctions réelles. Lorsqu’il devient célèbre au début des années 2010, il apparaissait alors comme un reliquat du militantisme altermondialiste des années 1990, très imprégné d’anti-impérialisme américain et lecteur de Chomsky. Assange était un activiste de la transparence, un ancien hacker qui s'est improvisé journaliste et rédacteur en chef d'une espèce de métarédaction mondiale : WikiLeaks. Ce sont les documents fournis par la lanceuse d’alerte Chelsea Manning qui ont propulsé ce site et Assange au cœur du cyclone.” Pour le journaliste de Télérama il faut saisir “la complexité du personnage qui est devenu à la fois symbole et repoussoir. D'un côté l'administration américaine considère WikiLeaks comme une agence de renseignement hostile, de l’autre Assange incarne la lutte contre la corruption et le journalisme aventureux tel qu’il se pratique aujourd'hui.” La procédure à laquelle il fait face interroge pourtant sur les risques qui pourraient peser sur des dizaines de journalistes dans les années à venir, affirme-t-il.

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