Fayard, Hachette, Relay : Bolloré champion de l’édition politique ?

Pour pouvoir acquérir Hachette en 2023, la groupe Bolloré a du céder sa filiale Editis ©AFP - LIONEL BONAVENTURE
Pour pouvoir acquérir Hachette en 2023, la groupe Bolloré a du céder sa filiale Editis ©AFP - LIONEL BONAVENTURE
Pour pouvoir acquérir Hachette en 2023, la groupe Bolloré a du céder sa filiale Editis ©AFP - LIONEL BONAVENTURE
Publicité

Vincent Bolloré, par le biais de rachats et de négociations, est désormais à la tête du groupe d'édition Hachette, qui vient compléter d'autres acquisitions dans les médias et la distribution. Retour sur la construction d'un système économique, qui révèle ses dimensions idéologiques.

Avec
  • Françoise Geoffroy-Bernard, Consultante associée chez AXIALES, cabinet spécialisé dans la filière du livre

L’écosystème de l’édition

Avec près de dix milles maisons dans le pays, l’édition française et un secteur particulièrement vaste et divers, où domine toutefois pourtant quelques grands groupes. La concentration qu’opèrent ces sociétés mère interroge la liberté que les maisons d’édition peuvent garder sur leurs catalogues respectifs. Françoise Geoffroy-Bernard, consultante associée chez Axiales, cabinet spécialisé dans la filière du livre, souligne que cette autonomie varie en fonction des rachats. « Plus qu’un microcosme, le monde de l’édition est surtout un écosystème où s’expriment des nuances et des interdépendances. Chez Hachette par exemple, on remarque un assemblage progressif de plusieurs maisons d’édition qui, jusqu'à présent, ont gardé une relative autonomie. Au contraire, le groupe Editis, ancienne propriété de Vincent Bolloré sous le nom de Vivendi, est marqué par plus de transversalités entre ses publications. Par exemple, toutes ses maisons membres sont regroupées sur le même portail en ligne. En réalité, la structuration évolue en fonction des changements d’actionnaires, tout comme le recrutement. »

Des concentrations anciennes

Après le rachat d’Hachette, Vincent Bolloré a dû se séparer d’Editis qui appartient désormais à Daniel Kretinsky. Ces deux champions de l’édition se trouvent alors rattachés à des grands groupes hégémoniques dans le secteur médiatique. Cette proximité entre les deux secteurs n’est pas nouvelle, rappelle Françoise Geoffroy-Bernard. « Je me suis replongée dans les travaux de Jean-Yves Mollier, notamment sur l'historique de la concentration dans le monde du livre. Je pense aussi aux recherches de l’économiste de la culture Françoise Benhamou et aux livres d'André Schiffrin, qui pointent tous que ces dynamiques de convergence existent depuis le milieu du XIXe siècle. Les concentrations peuvent d’ailleurs être horizontales entre les différentes marques ou verticales avec le rachat de structures permettant de construire son propre système de diffusion et de distribution. » Bien qu'habituelles, ces convergences font aujourd'hui débat, notamment concernant les intentions et poids politiques que ces groupes peuvent avoir.

Publicité

L'équipe