Gaza : l’aide humanitaire au coeur de la guerre

Un bâtiment de l'UNRWA touché par les bombardements israéliens dans le nord de Gaza. ©Getty - Picture Alliance
Un bâtiment de l'UNRWA touché par les bombardements israéliens dans le nord de Gaza. ©Getty - Picture Alliance
Un bâtiment de l'UNRWA touché par les bombardements israéliens dans le nord de Gaza. ©Getty - Picture Alliance
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Une semaine après la mort de plus de 100 personnes au cours d'une opération humanitaire, à quelle situation font face les ONG ? Sécurité du personnel, blocages israéliens, soutien international…Comment l'aide continue-t-elle de s'organiser sur place ?

Avec
  • Claire Magone
  • Tamara Alrifai Directrice des relations extérieures de l’UNRWA

Pour en parler, Guillaume Erner reçoit Claire Magone, directrice générale de Médecins sans frontières (MSF), et Tamara Alrifai, directrice des relations extérieures de l’UNRWA.

Une situation humanitaire qui s’empire de jour en jour

Pour tenter d’aider au mieux la population sur place, plusieurs agents humanitaires risquent leur vie chaque jour dans la bande de Gaza. Claire Magone, directrice générale de Médecins sans frontières (MSF), association médicale humanitaire internationale présente à Gaza depuis 2000, revient sur la catastrophe humanitaire qui empire de jour en jour : “quasiment personne n'a accès à de l'eau véritablement potable. Le nord de Gaza a été complètement rasé, même s'il y a encore quelques centaines de milliers de personnes qui continuent à y vivre et qui sont donc dans un état de dénuement et de privation extrême. Les indications que nous avons via les collectes de données des Nations Unies montrent que la malnutrition sévère est en train de s'aggraver. Ce type de situation, où la population n'a pas d'accès à l'eau, pas d'accès à l'alimentation diversifiée, voire à de l'alimentation tout court,  peut entrainer des pertes extrêmement rapidement”.

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Tamara Alrifai, directrice des relations extérieures de l’UNRWA, l'Agence des Nations Unies pour les Réfugiés de Palestine, précise : “un enfant sur six de moins de 2 ans aujourd'hui est mal nourri à Gaza, selon l'Organisation mondiale de la santé, et 90% de la population gazaouie fait face à la faim. On parle d'insécurité alimentaire, ce qui veut dire que les gens n'ont pas accès au nombre minimum de calories qui leur permet de survivre. On observe aussi des maladies qui se propagent, comme la diarrhée, l'hépatite A, des maladies respiratoires, des maladies de la peau. Les déplacements en masse font que la partie sud de la bande de Gaza est extrêmement encombrée, que ce soit à l'intérieur des abris mais à l'extérieur aussi, en pleine nature, sous les bombardements. Tout cela avec une aide humanitaire qui arrive au compte-gouttes. Donc les agences comme l'UNRWA, mais bien d'autres, n'arrivent même pas à pourvoir aux besoins urgents de la population. C'est une situation catastrophique”.

Journal de 12h30
20 min

Le problème de l’approvisionnement

La situation est aussi compliquée en partie à cause des blocages que subissent les convois humanitaires et commerciaux aux points de passages de Rafah et de Kerem Shalom, comme l’explique Claire Magone : “nous appelons à un passage de minimum 500 camions par jour. C'était ce qui passait avant le 7 octobre dans une bande de Gaza déjà sous blocus. Toute la population à Gaza dépend de l'aide humanitaire. Mais la question est moins le nombre de camions dont on a besoin que les conditions de déploiement nécessaires pour faire en sorte que cette aide puisse être mise en œuvre sans être menacée par les bombes. Avant même de commencer à envisager ce qui pourrait être reconstruit, le plus important est d'arrêter de détruire tout ce qui soutient de près ou de loin la vie civile à Gaza, ce qui permettra d'épargner les vies qui restent.”

Pour Tamara Alrifai “la question qui se pose est pourquoi cet acheminement d'aide humanitaire reste au compte-goutte malgré un avis de la Cour internationale de justice et les deux résolutions du Conseil de sécurité. Nous continuons d'appeler d'abord à un cessez-le-feu humanitaire pour pouvoir circuler dans toute la bande de Gaza, y compris dans le nord sous blocus. Nous continuons d'appeler aussi à un acheminement d'aide humanitaire beaucoup plus grand, beaucoup plus significatif. Le largage aérien doit toujours rester un moyen exceptionnel”. Ce samedi 2 mars, les États-Unis avaient envoyé des vivres par voie aérienne, ce que Claire Magone qualifie de "gesticulation et même de diversion".

Journal de 8 h
15 min

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