Seine-Saint-Denis : ma cité scolaire va-t-elle craquer ?

Ecole Jean-Rostand à Bondy, en Seine-Saint-Denis ©AFP - Stéphane de Sakutin
Ecole Jean-Rostand à Bondy, en Seine-Saint-Denis ©AFP - Stéphane de Sakutin
Ecole Jean-Rostand à Bondy, en Seine-Saint-Denis ©AFP - Stéphane de Sakutin
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Depuis le 26 février, une large mobilisation est née dans les établissements scolaires de Seine-Saint-Denis pour demander un plan d'urgence afin d'améliorer les conditions d'enseignement. Le 93 est-il lésé en matière d'éducation ? Est-il le miroir des difficultés de l'éducation nationale ?

Avec
  • Aurélie Lejeune Parent d'un élève en CE2 à Paul Langevin et d’une élève en 6e au Collège Lavoisier de Pantin.
  • Benjamin Marol Professeur d'histoire-géographie au collège Oum-Kalthoum à Montreuil
  • Suzanne Cau Professeure de français au lycée Paul-Eluard de Saint-Denis, représentante du personnel dans son lycée
  • Elodie Girardet Conseillère départementale déléguée au projet éducatif départemental de Seine-Saint-Denis.

Depuis le 26 février, jour de la rentrée des vacances d’hiver, une mobilisation est née dans les écoles, collèges et lycées de Seine-Saint-Denis.

Manifestations et journées écoles mortes se succèdent sans interruption pour dénoncer les conditions de travail dans ces établissements scolaires de banlieue parisienne dont les bâtiments sont dégradés, infestés parfois par les nuisibles tandis que les personnels éducatifs et d’encadrement ne sont pas remplacés.

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C’est ainsi qu’élèves et enseignants du lycée Blaise Cendrars ont filmé une vidéo TikTok humoristique très vue sur les réseaux sur leurs conditions de vie plutôt que de déclencher un énième blocage sans effet.

Pourquoi la Seine-Saint-Denis est-elle le département qui a lancé ce mouvement de protestation ? Quelles réponses les autorités proposent-elles ?

Sous les radars
28 min

Le 93, un département délaissé en matière d’éducation ?

Suzanne Cau, professeure de français : "Je suis arrivée en Seine-Saint-Denis en sachant que c'était un département pauvre, jeune, très dynamique en termes de démographie et de vie sociale, associative, etc. donc pour cela, je n'ai pas été déçue. Mais est-ce que j'imaginais qu'il y aurait des rats, que mon ordinateur mettrait 40 minutes à s'allumer, que j'ai des élèves avec des spécialités coefficient 16 au bac qui n'auraient pas de professeur ? Non, ça je ne l’imaginais pas".

Elodie Girardet : "Les fonds, les dotations de l'État, ne sont pas corrélées à la croissance démographique. Donc, on se retrouve avec des aberrations comme pour le département de Seine-Saint-Denis, avec 8 % de compensation pour le bâti. 15 % c'est la moyenne nationale, nous, on demande 20 % pour pouvoir construire sereinement et rénover sereinement".

Aurélie Olivier évoque le principe du taux d’évaporation dans les établissements scolaires : "Le principe du taux d’évaporation, c’est le fait d’anticiper les départs d’élèves parce que les conditions sont telles qu'évidemment, les parents vont plutôt choisir le privé ou alors déménager, ce qui peut aussi arriver. C’est avec ce taux-là qu’ils envisagent les rentrées scolaires. Sauf que ce qui est un peu déplorable, c'est que comme c'est revu toujours à la baisse, en fait, les directeurs d'école se retrouvent à la rentrée avec plus d’élèves et donc quand on dépasse le nombre d'élèves par classe, il faut qu'ils revoient toute leur organisation. En fait, ils ne peuvent pas faire la rentrée sereinement. Ça impacte tout le monde, notamment les élèves".

Benjamin Marol poursuit : "Les autres établissements, en dehors de la Seine-Saint-Denis, ont tout de même des problématiques qui sont assez proches des nôtres, mais c’est vrai que notre département est le miroir grossissant des problématiques qu’on peut trouver partout ailleurs. Mais pour revenir sur cette question d'évitement et du privé, mon établissement est situé à 500 mètres à vol d'oiseau de deux établissements privés qui sont financés à 75 % par l'État, qui choisissent leurs élèves. Et on est dans ce système-là, dans un système à deux vitesses. Si j'ajoute Paris, ça nous fait même trois vitesses, parce que je pense que le traitement à Paris du public n'est pas le même qu'en Seine-Saint-Denis".

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