Victoire écrasante de l’opposition au Sénégal : une démocratie renforcée ?

Les partisans de Bassirou Diomaye Faye célèbrent le dépouillement des votes au siège de la coalition de Diomaye, à Liberté 4, Dakar, le 24 mars 2024. ©AFP - MARCO LONGARI / AFP
Les partisans de Bassirou Diomaye Faye célèbrent le dépouillement des votes au siège de la coalition de Diomaye, à Liberté 4, Dakar, le 24 mars 2024. ©AFP - MARCO LONGARI / AFP
Les partisans de Bassirou Diomaye Faye célèbrent le dépouillement des votes au siège de la coalition de Diomaye, à Liberté 4, Dakar, le 24 mars 2024. ©AFP - MARCO LONGARI / AFP
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Certains parlent de séisme politique : au Sénégal, l’opposant Bassirou Diomaye Faye a emporté l’élection présidentielle dès le premier tour, face à Amadou Ba, le candidat de la majorité soutenu par le président sortant Macky Sall.

Avec
  • El Hadj Souleymane Gassama Chercheur associé à l’IRIS, journaliste, écrivain et docteur en sociologie

Il y a dix jours seulement, Diomaye Faye dormait encore en prison aux côtés d’autres leaders de l’opposition - dont son principal soutien, Ousmane Sonko. Si certains s’attendaient à cette victoire, elle n’en garde pas moins des allures de coup de théâtre… Qu’en est-il du programme de Diomaye Faye ? La démocratie sortira-t-elle renforcée de cette alternance ?

La victoire de Bassirou Diomaye Faye : un coup de théâtre

La victoire de l’opposant Bassirou Diomaye Faye a un caractère inédit, comme le souligne El Hadj Souleymane Gassama, de son nom de plume Elgas, chercheur associé à l’IRIS, journaliste, écrivain et docteur en sociologie : “quand on voit d'où vient le Sénégal avec le dernier semestre politique parfaitement chaotique et cette démocratie qui a été très amochée, tenir une élection en deux semaines sans contestation majeure et que le principal parti de l'opposition arrive au premier tour en tête, salué par l'ensemble des candidats, est parfaitement inédit. La démocratie sénégalaise est certes incomplète, perfectible, mais elle est capable parfois de sursauts majeurs. Lorsqu’on regarde la sociologie électorale sénégalaise, sa tradition, on a jamais vu quelque chose de tel. Il y a une légitimité à parler de coups de théâtre”. Les sondages étant interdits au Sénégal, il n’était pas possible de faire de pronostics. Cependant, pour Elgas, “la victoire de l'opposition était inéluctable. Le Sénégal a connu trois années très difficiles, marquées par beaucoup de morts, une situation quasi insurrectionnelle, des manifestations et une polarisation très forte. On sentait le président de la République acculé puisqu’il était le premier responsable de cette forme de cacophonie tragique. Donc Ousmane Sonko et son parti, le PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité), ont connu une ascension fulgurante”.

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Qui est le nouveau président en son parti, le PASTEF ?

El Hadj Souleymane Gassama explique que Diomaye Faye est “un homme de l'ombre alors qu’Ousmane Sonko a toujours été le plus flamboyant, celui au-devant de la scène. On lui prête des qualités de sobriété, d'organisation, on dit de lui qu'il est méthodique. Il a pallié l'absence d'Ousmane Sonko quand il était dans ses mésaventures judiciaires en tenant le parti. Pour l'instant, il y a très peu d'éléments pour brosser un portrait juste, car il n'a jamais été aux responsabilités politiques, encore moins à la première responsabilité au niveau national”. Le projet du PASTEF s'incarne toutefois dans Ousmane Sonko : “on sent une revendication beaucoup plus claire de la notion de souverainisme. Il y a également dans son programme la volonté de s’attaquer au problème de la jeunesse, la majeure partie de la force électorale du PASTEF. Il nous reste à attendre la formation du premier gouvernement, les premières orientations, pour pouvoir évaluer clairement la dynamique de ce parti politique”.

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