En juillet 1971, le concours anonyme pour un centre d'art à Beaubourg désigne deux architectes qui n'avaient quasiment rien construit. Débarqués dans la France pompidolienne, Renzo Piano et Richard Rogers imposent en face de Notre-Dame un centre d'art qui ressemble plus à une usine qu'au Louvre.
- Renzo Piano Architecte italien, constructeur notamment, avec Richard Rogers, du Centre Pompidou à Paris
Renzo Piano s'étonne encore, lui qui habite à deux rues de Beaubourg, de la radicalité de ce vaisseau de métal posé en milieu du Paris médiéval, toute tripaille dehors, devenu l'un des plus importants monuments parisiens. Étrange moment en effet que cette grande commande d'État qui charge deux jeunes architectes presque débutants d'un tel chantier. Renzo Piano a alors 33 ans et emmagasine avec cette construction épique (six ans) des qualités dont il se servira toute sa vie et, entre toutes, une forme d'entêtement.
Face aux grands commis d'État, mais aussi face aux industriels, il défend bec et ongles avec Richard Rogers des solutions techniques et constructives inédites, des détails qui n'en sont pas et leur permettent de faire advenir leur idée du Centre : une vaste infrastructure ultra-flexible, non figée, conforme à l'idée que la culture doit être désormais accessible à tous. "La culture avait besoin d'un lieu plus ouvert, moins intimidant", précise Renzo Piano.
C'est aussi, pour que cet énorme machin au programme débordant - un musée, une bibliothèque, des cinémas, un centre de recherche acoustique, un restaurant - ne soit pas surplombant, l'idée de faire une vaste place conçue comme un réservoir depuis laquelle on peut contempler Beaubourg et que l'on peut contempler à son tour quand on s'élève le long de la chenille accrochée sur la façade : de quoi façonner un lieu hors du commun au centre de Paris. Avec Beaubourg et sa tuyauterie, sa piazza, Piano et Rogers exprimaient alors parfaitement les idéaux d'une époque, l'espoir d'une démocratisation de la culture.
Générique
Une série d’entretiens produite par Camille Juza. Réalisation : Nathalie Salles. Prise de son : Yann Fressy. Chargée de programme : Daphné Abgrall.
Pour aller plus loin
Le Centre Pompidou, machin-machine. Emission Le Génie des lieux, France Culture
Rossellini au travail de Jacques Grandclaude, film de 41 minutes.
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