Opposition grandissante en Israël : Netanyahou est-il vraiment menacé ?

Des manifestants anti-gouvernementaux à Jérusalem le 2 avril 2024 pour demander la dissolution du gouvernement israélien et le retour des Israéliens retenus en ©AFP - AHMAD GHARABLI / AFP
Des manifestants anti-gouvernementaux à Jérusalem le 2 avril 2024 pour demander la dissolution du gouvernement israélien et le retour des Israéliens retenus en ©AFP - AHMAD GHARABLI / AFP
Des manifestants anti-gouvernementaux à Jérusalem le 2 avril 2024 pour demander la dissolution du gouvernement israélien et le retour des Israéliens retenus en ©AFP - AHMAD GHARABLI / AFP
Publicité

Mercredi 3 avril, l’ancien chef de l’état-major israélien Benny Gantz a appelé à des élections anticipées dans le pays. L’attaque du Hamas a eu lieu il y a maintenant presque six mois, et depuis, au vu des sondages, la popularité de Benyamin Netanyahou n’a cessé de chuter.

Avec
  • Thomas Vescovi Chercheur indépendant en histoire contemporaine. Auteur de “L'échec d'une utopie. Une histoire des gauches en Israël”, ed. La Découverte.

Les manifestations actuelles n’ont pas l’ampleur de celles qu’avait suscitées la réforme de la justice il y a un an - et les voix appelant à un cessez-le-feu se font rares. Quelle est donc la nature de cette contestation et comment la société israélienne a-t-elle évolué depuis le début du conflit ?

Le risque d’élections anticipées

Pour comprendre les tensions qui traversent aujourd’hui le pays, Guillaume Erner reçoit Thomas Vescovi, historien, membre du comité de rédaction du blog Yaani.fr et auteur de L'échec d'une utopie. Une histoire des gauches en Israël (La Découverte, 2021). Pour le chercheur, Benyamin Netanyahou est aujourd’hui exposé au risque d’élections anticipées. Celles-ci pourraient être déclenchées par "le départ des deux membres de l'opposition Gadi Eizenkot et Benny Gantz, actuels membres du cabinet de guerre. Beaucoup d’Israéliens les poussent à claquer la porte pour diviser le front politique uni derrière le Premier ministre israélien dans sa guerre à Gaza. Si les élections se tenaient aujourd'hui, il perdrait sa majorité à la Knesset. Les sondages lui donnent autour de 47 à 48 sièges quand 61 sont nécessaires pour obtenir la majorité. À l’inverse, l’opposition pourrait tout à fait construire un bloc majoritaire."

Publicité
Signes des temps
46 min

Plusieurs vagues de critiques

Les attaques contre la gouvernance de Benyamin Netanyahou ne datent pas d’hier, rappelle Thomas Vescovi. "Nous sommes aujourd’hui à la troisième vague de mobilisations contre Netanyahou en quatre ans. Certains manifestent depuis 2019 contre le maintien au pouvoir d'un Premier ministre mis en cause dans plusieurs affaires de corruption. Depuis janvier 2023, son gouvernement est accusé de vouloir déboulonner les institutions démocratiques et de faire le jeu des suprémacistes juifs. S’ajoute enfin la tragédie du 7 octobre et la question des 134 otages détenus dans la bande de Gaza. Les familles reprochent à Netanyahou de vouloir retarder leur libération pour précisément gagner du temps et se maintenir au pouvoir." Cette dernière critique reste toutefois complexe à adresser, car les Israéliens voient la destruction du Hamas comme une urgence égale à la libération des otages. Concevoir un accord de paix en échange de leur liberté semble pour l’instant inenvisageable.

57 min

L'équipe