Arabie saoudite : la fulgurante ascension de Mohamed ben Salmane, leader du golfe

Mohammed ben Salmane au 40e sommet du Conseil de coopération du Golfe à Riyad le 10 décembre 2019 ©AFP - Bandar AL-JALOUD / Saudi Royal Palace / AFP
Mohammed ben Salmane au 40e sommet du Conseil de coopération du Golfe à Riyad le 10 décembre 2019 ©AFP - Bandar AL-JALOUD / Saudi Royal Palace / AFP
Mohammed ben Salmane au 40e sommet du Conseil de coopération du Golfe à Riyad le 10 décembre 2019 ©AFP - Bandar AL-JALOUD / Saudi Royal Palace / AFP
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Ce sont des histoires de prisons dorées, de guet-apens, de révolver sur la tempe qui ont mené Mohamed ben Salmane, alias MBS, au pouvoir en Arabie saoudite…

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En quelques années, le prince héritier réforme profondément le pays, renversant une noblesse traditionnelle et faisant taire l’influence du wahhabisme, pour redorer l’image du pays aux yeux du monde et constituer une grande puissance militaire, économique et culturelle. En quelques années, comment MBS a-t-il transformé le royaume saoudien pour redéfinir son rôle sur la scène internationale et avec quels résultats ?

Une prise du pouvoir par la force

En janvier 2015, le roi Abdallah décède à l'âge de 90 ans. Mohammed ben Salmane, numéro trois dans l'ordre de succession, n'était pas le dauphin destiné à régner. Christian Chesnot, grand reporter à la rédaction internationale de Radio France, co-auteur de MBS confidentiel, enquête sur le nouveau maître du Moyen-Orient (Michel Lafon, 2024), explique sa prise de pouvoir. “Dans l'ombre, il va éliminer le numéro 2, Mohamed Bennaïef, qui est aujourd'hui en résidence surveillée avec bracelet électronique. À force de manigances, il va finalement réussir à l'écarter et à s'ouvrir les portes du pouvoir.” MBS a l’avantage d’être le fils préféré de son père, Salmane ben Abdelaziz Al Saoud. Christian Chesnot le décrit comme “l’ombre de son père”.

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Lorsqu’il arrive enfin au pouvoir, MBS rafle complètement la noblesse saoudienne : “on se souvient de la fameuse rafle du Ritz-Carlton, en 2017. Environ 400 princes, des ministres, des hommes d'affaires vont être séquestrés pendant plusieurs semaines, dont le fameux prince Ben Walid. Pendant des décennies, ces princes s’étaient enrichis sur le dos de l'Arabie saoudite et MBS a voulu récupérer cet argent pour servir ses grands projets”.

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MBS, un dirigeant pragmatique

Christian Chesnot revient sur les ambitions de ce prince héritier : “chez MBS, il n'y a pas beaucoup d'idéologie, ce n'est pas une des grandes figures du monde arabe. Il est plutôt quelqu'un de pragmatique, d’opportuniste, qui a compris que son pays allait dans le mur. Pour le faire grandir, il va revoir tous ses partenariats géopolitiques”. Le partenaire historique de l’Arabie saoudite reste les États-Unis, depuis notamment le pacte de Quincy en 1945. Aujourd'hui, MBS organise une diplomation à 360 degrés, avec d’autres puissances : “pour faire court, les Russes, les Chinois, les Indiens, l'Afrique du Sud, le Brésil, les BRICS. Il est encore une fois dans une vision pragmatique afin de servir ses intérêts. Après un début fougueux, il a compris qu'il fallait du calme dans la région pour se développer et assurer son pouvoir. Son projet est d'être un médiateur, en adoptant une posture moins agressive qu'au début du règne”.

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