Un an de guerre au Soudan : un conflit qui s’enlise

Des réfugiés soudanais attendent pour remplir des bidons d'eau dans le camp de réfugiés de Farchana, le 8 avril 2024. ©AFP - Joris Bolomey / AFP
Des réfugiés soudanais attendent pour remplir des bidons d'eau dans le camp de réfugiés de Farchana, le 8 avril 2024. ©AFP - Joris Bolomey / AFP
Des réfugiés soudanais attendent pour remplir des bidons d'eau dans le camp de réfugiés de Farchana, le 8 avril 2024. ©AFP - Joris Bolomey / AFP
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La guerre frappe le Soudan depuis un an aujourd'hui et les espoirs démocratiques de 2018 semblent lointains.

Avec
  • Alice Franck géographe, chercheuse à Paris 1 Panthéon Sorbonne, spécialiste du Soudan

La crise humanitaire est extrême : les civils, victimes des combats, des violences ethniques et sexuelles, fuient comme ils peuvent, tentent d'échapper à la famine qui guette. Pourtant, aucune perspective de résolution ne semble se dessiner. Comment expliquer un tel enlisement du conflit ? Comment comprendre l'indifférence de la communauté internationale à l'égard de ce drame, l'absence d'action diplomatique d'envergure ?

Un conflit bloqué

Pour Alice Franck, géographe, chercheuse à Paris 1 Panthéon Sorbonne et spécialiste du Soudan, la répartition relativement égale des forces dans chaque camps est à l'origine de cette impasse meurtrière. Entre l'armée régulière menée par le général Al-Burhan et les milices paramilitaires FSA, les forces de soutien rapide du général Hemetti, « le rapport de force est tout à fait équilibré. Depuis un an le conflit s'enlise, chacun des camps refusant de céder la place à l'autre, cherchant à exploiter les ressources du pays et à le gouverner. D’autant qu’il est très difficile de savoir exactement où en sont les forces en présence puisque peu de journalistes couvrent le conflit et les informations qui circulent sont peu vérifiées. » Sur le terrain, l’armée régulière a récemment subi quelques revers avec la perte de Khartoum et de Wad Madani il y a quelques mois. Depuis plusieurs semaines, la tendance se serait inversée, sans pour autant qu’aucun des deux camps ne parvient à prendre l’ascendant.

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Un crise qui va s’aggraver ?

Avec plus de huit millions de déplacés et de réfugiés et entre quinze et dix-huit millions de personnes en insécurité alimentaire, la guerre civile au Soudan a, en l’espace d’un an, provoqué une crise humanitaire majeure. Le risque d’extension du conflit aux zones frontalières du Soudan est réel, rappelle Alice Franck. « Avec cette menace on comprend d’autant moins l'inaction de la communauté internationale. Le risque est grand sur les pays limitrophes et notamment ceux déjà en difficulté comme le Soudan du Sud, la Centrafrique, le Tchad, qui ont beaucoup de mal à accueillir des centaines de milliers de réfugiés arrivant chez eux. » La conférence diplomatique internationale qui s’ouvre aujourd’hui à Paris sous l’égide de la France et de l’Allemagne tentera de faire dialoguer les différents camps afin de trouver une issue à la guerre qui s’éternise.

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