"Amazones" : quand femmes et chevaux font bon manège

Sur sa passion pour les équidés, Sissi l'impératrice avait une phrase : "Beaucoup de ces chevaux sont morts pour moi, ce que nul homme n'a jamais fait". ©Getty - ilbusca
Sur sa passion pour les équidés, Sissi l'impératrice avait une phrase : "Beaucoup de ces chevaux sont morts pour moi, ce que nul homme n'a jamais fait". ©Getty - ilbusca
Sur sa passion pour les équidés, Sissi l'impératrice avait une phrase : "Beaucoup de ces chevaux sont morts pour moi, ce que nul homme n'a jamais fait". ©Getty - ilbusca
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Une somme encyclopédique dédiée aux "femmes de cheval chez tous les peuples de la terre depuis les temps les plus anciens jusqu'à nos jours" : avec le dictionnaire "Amazones" de Jean-Louis Gouraud, repartez au galop aux côtés de cavalières comme Jeanne d'Arc, Sissi l'impératrice, et bien d'autres.

On peut être à cheval sur beaucoup de choses, les principes, l'horaire, l'art de faire le thé ou de jouer la musique baroque... Mais c'est tout de même de l'être au sens fort, sur un équidé, qu'on en aura plus fière allure et que les émotions seront les plus intenses. Une mythologie équestre qui, avec les figures cardinales du tournoyeur médiéval et du cow-boy, du chasseur à courre et du garde républicain, bottes collées au flanc de sa monture, nous apparaît comme essentiellement masculine.

D'où l'intérêt d'Amazones, la somme encyclopédique que le centaure Jean-Louis Gouraud, éminent érudit et bourlingueur hippomobile, vient de consacrer aux "femmes de cheval chez tous les peuples de la terre depuis les temps les plus anciens jusqu'à nos jours". Le tout à la tête d'un escadron d'une centaine de plumes averties dans la collection Arts équestres des éditions Actes Sud. Il y a là 500 chroniques consacrées à des catégories extraordinaires

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Cavalcades aux côtés de Jeanne d'Art et Penthésilée

Guerrières, circassiennes, écuyères, joquettes, poétesses, entraîneurs et journalistes... Un livre-stèle aux centauresses, avec leur tombeau en l'année 1900, servant de bascule entre les deux parties de l'ouvrage. L'une consacrée à l'évocation des dames en selles des temps légendaires à la Belle Époque, l'autre aux cavalières de l'époque contemporaine, essentiellement à partir des années 1970. Comme le dit Michelle Perrot dans sa préface, les luttes féministes ont révolutionné la participation des femmes au sport équestre.

Un récit qui s'ouvre, bien sûr, avec Penthésilée, reine des Amazones, tombée sous les coups d'Achille et ressuscitée par la plume de Kleist, pour lui répondre par la figure de Tassi Hangbé, reine des Amazones dahoméennes, qui, commise à la garde du trône, se battait à coups de faux. Sortent du rang, et en sang, certaines figures inouïes, Lady Godiva, qui traverse à cheval et vêtue de sa seule chevelure la place du marché de Coventry pour obtenir de son comte et époux qu'il baisse les impôts

D'autres cavalières à la destinée politique font par ailleurs vibrer l'ouvrage. Jeanne d'Arc évidemment, et les anticolonialistes en révolte, comme l'indienne Lakshmî Bâî, qui chevaucha en tête de la révolte des Cipayes, et fit d'une traite 150 kilomètres avec son fils, attaché par une sangle, ou Lalla Fatma N'Soumer, la Jeanne d'Arc kabyle. En pareil cas, le cheval joue le rôle d'ornement symbolique plus que d'une réalité sportive ou militaire. L'animal signale héroïsme, élan, plénitude de l'engagement.

Sissi, l'impératrice cavalière

Pour trouver les pratiquantes accomplies de l'art équestre, c'est dans les manèges du grand monde et sur la scène des cirques qu'il faut aller. Règne là Sissi, l'impératrice Élisabeth d'Autriche, qui déclarait haut et clair, montrant les portraits alignés de ses montures : "Beaucoup de ces chevaux sont morts pour moi, ce que nul homme n'a jamais fait". Celle dont on disait qu'elle vivait en manège plus qu'en ménage eut pour le cheval une passion fanatique égale à celle des stars du cirque, comme Émilie Loisset.

Pour fermer le banc : Marie-Adrienne-Anne-Victurnienne-Clémentine de Rochechouart de Mortemart, duchesse d'Uzès, première lieutenante française de louveterie et première française à être verbalisée pour excès de vitesse automobile. 15 km/heure, au lieu de 12. La même Duchesse du Zest qui déclarait un chasseur étonné de voir son cheval à ce point en sueur : "Si vous aviez passé sept heures entre mes cuisses, vous verriez dans quel état vous seriez." Une des citations parmi des milliers qu'on peut retirer de cet extraordinaire livre.

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