Italie : comment Giorgia Meloni met-elle en œuvre son programme ?

Ursula von der Leyen et Giorgia Meloni lors d'une réunion en marge d'une réunion spéciale du Conseil européen à Bruxelles, le 18 avril 2024. ©Maxppp - EPA
Ursula von der Leyen et Giorgia Meloni lors d'une réunion en marge d'une réunion spéciale du Conseil européen à Bruxelles, le 18 avril 2024. ©Maxppp - EPA
Ursula von der Leyen et Giorgia Meloni lors d'une réunion en marge d'une réunion spéciale du Conseil européen à Bruxelles, le 18 avril 2024. ©Maxppp - EPA
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Ces derniers mois, le gouvernement de Giorgia Meloni a répété des attaques à l'encontre des intellectuels, des droits des femmes et des personnes LGBTQ+. Pourtant, à l'échelle européenne, le gouvernement inscrit sa politique dans la continuité. Comment qualifier la politique de Meloni ?

Avec
  • Gilles Gressani Directeur de la revue Le Grand Continent
  • Alberto Toscano Journaliste, écrivain.
  • Piero Ignazi Professeur à l’université de Bologne. Chercheur affilié au CEVIPOF

Un an et demi après les élections qui l’ont menée à la présidence du Conseil italien, Giorgia Meloni a su surprendre ses partenaires européens sur des questions centrales comme la guerre en Ukraine, l’OTAN ou l’immigration.

Mais qu’en est-il de la politique intérieure de son gouvernement ? L’accusation de censure, émise cette semaine par l’écrivain Antonio Scurati, après qu’un des textes qu’il devait lire à la radio (RAI) à propos de la commémoration de la libération de l’Italie n’a pas été diffusé, est-elle le signe qu’une "guerre culturelle" serait menée actuellement contre la gauche et les intellectuels.

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Le récent projet de loi prévoyant d’inclure les activités des associations anti-avortement dans les centres médicaux montre-t-il que le gouvernement Meloni reste ancré sur une politique familiale pouvant aller jusqu’à promouvoir les mouvements anti-IVG ?

Qu’en est-il par ailleurs de la réforme constitutionnelle promise dans sa campagne électorale de 2022 ?

L’arrivée de Giorgia Meloni : quel avenir pour les institutions ?

Piero Ignazi : « Il y a un décalage majeur entre ses comportements au niveau européen et au niveau des alliances internationales et les choix politiques que Mme Meloni a faits. En effet, Giorgia Meloni est restée sur le socle de la tradition de la politique extérieure italienne. Et comme ça, elle a eu une sorte de bouclier à la fois atlantique et européen, pour n'être pas attaquée pour sa politique à l'intérieur ».

Alberto Toscano rappelle que, selon lui, en dépit de ses positions d’extrême droite Giorgia Meloni ne met pas en danger la démocratie italienne : «Il faut selon moi renforcer et faire confiance aux institutions car les institutions italiennes d'aujourd'hui sont des institutions solides. On ne peut pas savoir ce qu'il y a dans la tête de Giorgia Meloni mais on peut savoir à quel point on peut défendre les institutions, et à quel point les institutions sont démocratiques en Italie ».

Gilles Gressani rebondit : « Selon moi, Giorgia Meloni essaye aujourd'hui de lancer un nouveau cycle politique, précisément parce qu'elle essaye de prendre le contrôle de l'État. Mais pour prendre le contrôle de l'État il faut beaucoup de temps et c'est la difficulté fondamentale à laquelle elle se confronte aujourd'hui. L'État italien a beaucoup de défauts et de problématiques mais il a une forme de résilience et de résistance démocratique. Toutefois le problème est qu'il y a deux manières pour prendre le contrôle de l'État. La première, c'est d'essayer de faire une révolution et d'arriver très vite au centre. La seconde consiste plutôt à essayer de changer petit à petit le sens commun, d'infiltrer l'institution et les modalités d'opération et c’est à cet endroit que la politique de Giorgia Meloni pourrait se positionner »

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