Le financement privé en forme olympique : épisode • 1/3 du podcast JO 2024 : du gain et des jeux

Construction du Stade de la Tour Eiffel pour les JO 2024 à Champ-de-Mars, Paris, le 11 avril 2024. ©AFP - Dimitar DILKOFF
Construction du Stade de la Tour Eiffel pour les JO 2024 à Champ-de-Mars, Paris, le 11 avril 2024. ©AFP - Dimitar DILKOFF
Construction du Stade de la Tour Eiffel pour les JO 2024 à Champ-de-Mars, Paris, le 11 avril 2024. ©AFP - Dimitar DILKOFF
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Le budget officiel des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 est aujourd’hui estimé à 8,8 milliards d'euros, soit 15% de plus que ce qui avait été annoncé lors de la candidature de la France en 2017. Comment cet évènement planétaire est-il financé ? A quel point est-il rentable, et pour qui ?

Avec
  • Christophe Lepetit Economiste du sport au Centre de Droit et d’Economie du Sport (CDES)
  • Pierre Rondeau Professeur d’économie à la Sports Management School, co-directeur de l’Observatoire du Sport à la Fondation Jean Jaurès

Dans un contexte économique tendu, marqué par une forte inflation qui met à la fois à mal le budget des particuliers et des collectivités locales, la question du financement des Jeux olympiques (JO) et paralympiques (JOP) de 2024 est un sujet sensible. Il l’est d’autant plus que cet événement planétaire, qui prévoit de rassembler jusqu’à 500 000 spectateurs par jour et plus de 3 milliards de téléspectateurs, possède une structure de financement complexe et difficilement estimable.

Le budget officiel des JO est aujourd’hui estimé à 8,8 milliards d’euros, soit 15% de plus que ce qui avait été annoncé lors de la candidature de la France pour l’accueil de la compétition. Ce budget se divise en deux parties plus ou moins égales : 4,4 milliards d’euros sont accordés au COJOP, le Comité d’Organisation des Jeux, et 4,4 milliards reviennent à la SOLIDEO, la Société de Livraison des Ouvrages Olympiques.

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Les fonds du premier organisme sont privés à hauteur de 96%, les 4% publics restant se concentrant surtout sur le financement des jeux paralympiques. Les fonds privés proviennent des dotations du Comité International Olympique, de la billetterie et des partenariats nationaux passés par le COJOP avec des entreprises locales. Pierre Rondeau ajoute "cet événement d’envergure international attire des millions de spectateurs enthousiastes qui sont prêts à payer des milliers d’euros pour des places (les places payantes de la cérémonie d’ouverture vont jusqu’à 2700 euros). Finalement, les spectateurs qui achètent des billets sont aussi des partenaires privés, sortes de “partenaires consommateurs”. Le prix des billets, qui a beaucoup fait polémique, n’est qu’une simple réponse à la demande : de plus, on sait que le prix moyen des places pour les JO 2024 est de 90€, ce qui est à peu près équivalent (taux de change et inflation compris) au tarif de Londres 2012". En ce qui concerne la SOLIDEO, 50% des fonds sont de provenance publique (Etat et collectivités locales) et 50% proviennent d’acteurs privés, principalement des promoteurs immobiliers sélectionnés dans le cadre d’appels d’offres.

Si les jeux de Paris 2024 se situent, selon l’étude d’impact de l’Institut économique Astérès, parmi les jeux les moins onéreux de l’histoire, ces dépenses considérables posent tout de même la question de la rentabilité de l'événement. En outre, la facture olympique ne prend pas en compte tous les “coûts induits” pour l’Etat, notamment en termes de sécurisation de l’espace public, qui pourraient s’élever aussi à plusieurs milliards d’euros. Christophe Lepetit nous explique "si le COJOP est responsable de la sécurité dans les sites olympiques, l’Etat reste responsable de tout le reste de l’espace public, ce qui risque d’occasionner des surcoûts (mobilisations exceptionnelles, versements de primes aux fonctionnaires de police et de gendarmerie…). Les coûts induits s’illustrent aussi dans la nécessité de formation de certains chômeurs pour grossir les rangs du personnel de sécurité. L’Etat a ainsi mobilisé 46 millions d’euros pour financer 20 000 formations aux métiers de la sécurité privée proposées à des demandeurs d’emploi. Les pouvoirs publics ont aussi débloqué 2 millions d’euros pour financer des formations pour les salariés d’entreprises de travaux publics et d’entreprises partenaires de Paris 2024 qui se porteraient volontaires pour assurer des missions de sécurité".

C’est pourquoi les économistes du sport s’interrogent dès aujourd’hui sur les retombées économiques de la compétition sportive, qui peuvent être de nature extrêmement diverse selon les scénarios. Ainsi, on peut se demander si l’activité générée par les JO (construction d’infrastructures, création d’emplois, consommation accrue, tourisme…) vont contrebalancer les sommes mobilisées, et surtout si le coût de l'organisation des Jeux pourrait, à terme, se transformer en investissement. Mais il est toutefois certain que les perspectives de gain des acteurs du financement des jeux ne sont pas les mêmes qu’ils soient privés ou publics.

Pour aller plus loin

  • Pierre Rondeau et alii : Tout n’est pas footu, paru le 25 avril 2024 aux éditions Solar
Le Journal de l'éco
5 min

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