. ©Radio France - Sarah Debris
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Le scandale des dérives de Pegasus, un logiciel espion ultra-invasif vendu par la société israélienne NSO, éclate en juillet 2021. Il est mondial. À l'origine de ces révélations, une enquête menée depuis des mois par un consortium de médias internationaux, Forbidden Stories.

Avec
  • Laurent Richard, journaliste, réalisateur
  • Sandrine Rigaud, journaliste française

L’affaire Pegasus est l’un des plus gros scandales mondiaux de cybersurveillance. Il éclate le 18 juillet 2021, quand une enquête internationale révèle que le logiciel espion Pegasus, vendu par la société israélienne NSO, a ciblé, de manière totalement illégale, des personnalités de la société civile, journalistes, opposants politiques, avocats, défenseurs des droits de l’homme et même un président de la République…

À l’origine de ces révélations, un consortium de journalistes d’investigation, Forbidden Stories, fondé par le Français Laurent Richard en 2015. Ce consortium découvre l’existence de Pegasus à l’occasion d’une enquête sur des cartels de la drogue au Mexique. Dans le cadre de leurs investigations, les journalistes bénéficient d’une fuite de données massive : 50 000 numéros de téléphones, répartis dans 50 pays, sélectionnés par les clients de NSO comme cibles potentielles pour Pegasus.

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Très vite, Laurent Richard et la rédactrice en chef de Forbidden Stories, Sandrine Rigaud, mesurent la difficulté d’exploiter seuls cette liste de 50.000 numéros : non seulement il faut trouver leur propriétaire, mais surtout, il faut examiner les téléphones pour y relever des traces de Pegasus. Laurent Richard et Sandrine Rigaud décident de faire appel à des spécialistes en technologie. Pour identifier les victimes de Pegasus, ils approchent plus de 80 journalistes, dont certains du journal "Le Monde" en France, du "Washington Post" aux États-Unis, du "Guardian" au Royaume-Uni ou du "Süddeutsche Zeitung" allemand. Forbidden Stories travaille aussi sur cette affaire Pegasus avec la cellule investigation de Radio France.

Pendant six mois, le consortium va s’atteler à la tâche. Avec l’aide de deux anciens hackers à la tête du Security Lab d’Amnesty International, l’enquête va révéler la manière dont Pegasus a servi à des régimes autoritaires comme l’Azerbaïdjan ou l’Arabie Saoudite pour espionner impunément des innocents et faire taire des dissidents. Car ce logiciel, lorsqu’il a infecté un téléphone, donne accès à toutes les données de l’appareil (messages privés, photos personnelles, mots de passe, mails ou géolocalisation) et permet d’activer la caméra ou le micro à distance afin de récupérer des informations susceptibles d’être utilisées contre ses victimes.

L’entreprise israélienne NSO a toujours affirmé ne vendre ce logiciel qu’à des gouvernements, pour lutter contre le terrorisme et la criminalité. L’enquête montrera que les victimes de Pegasus étaient, pour l’essentiel, des personnalités de la société civile, journalistes, avocats, défenseurs des droits de l’homme, voire, parfois, des personnalités politiques de premier plan. Parmi les pays clients de NSO, le Maroc de Mohammed VI, soupçonné d’avoir ciblé 10 000 numéros, dont ceux de membres du gouvernement français.

Conséquence des révélations de Forbidden Stories en France : l’ouverture d’une enquête judiciaire. Et une certitude : à l’ère du numérique et des techniques de surveillance de masse, n’importe quel détenteur d’un téléphone est une cible potentielle.

Dans cette nouvelle saison de la collection de podcasts "Mécaniques du journalisme", Elise Karlin remonte le fil de l'enquête autour de cette affaire Pegasus, avec Laurent Richard et Sandrine Rigaud, co-auteurs de Pegasus. Démocraties sous surveillance (éd. Robert Laffont).

Un podcast en 4 épisodes, produit par Elise Karlin, réalisé par Assia Veber, disponible le 31 mai 2024 sur france culture.fr et l'application RadioFrance.

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