Marcel Marceau (1923-2007) - Parler après Bip

Marcel Marceau dit le mime Marceau (1971) - inconnu
Marcel Marceau dit le mime Marceau (1971) - inconnu
Marcel Marceau dit le mime Marceau (1971) - inconnu
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Maître incontesté du geste, Marcel Marceau a porté l’art du mime à une perfection inégalée, et accédé à une notoriété planétaire grâce à son personnage Bip, Pierrot des Temps Modernes au visage enfariné.

Avec
  • Georges Loinger Ancien résistant, cousin germain de Marcel Marceau – et son fils Danny Loinger.
  • Sylvie Mercier de Flandre Pianiste et artiste peintre.
  • Gyöngi Biro Ancienne assistante de Marcel Marceau, mime et historienne du mime.
  • Agnieszka Kühnl-Kinel Docteur en langue, littérature et civilisation française, auteur d’une thèse sur Marcel Marceau.
  • Alejandro Jodorowsky Réalisateur
  • Aurélia Marceau Fille de Marcel Marceau
  • Camille Marceau Fille de Marcel Marceau

Les mardi et mercredi 26 et 27 mai 2009 s’est tenue à l'hôtel Drouot la vente "Mime Marceau". Le rêve que Marceau avait longtemps caressé de transformer sa propriété de Berchères-sur-Vesgre en musée public, s’éparpillait ainsi en pluie de confettis. Il est vrai que Marceau avait légué à ses héritiers d’importantes ardoises. A moins que par un étrange acharnement, le destin soit venu une seconde fois réclamer son dû.

Et quel destin ! Marcel Marceau, nom de scène de Marcel Mangel, est né en 1923 à Strasbourg dans une famille juive polonaise. En 1942, il rejoint la résistance sous le pseudonyme de Marceau, qu’il emprunte à un vers des Châtiments d’Hugo : "Et Joubert sur L'Adige, et Marceau sur le Rhin."

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Après-guerre, il se destine au métier de comédien, à l’instar de Charlie Chaplin, qu’il révère depuis l’enfance. Fraîchement installé à Paris, il intègre la troupe de Charles Dullin, puis fait la rencontre décisive du mime Etienne Decroux, qui l'accueille dans sa troupe. Marceau a vite fait d’atteindre le sommet de son art et accède à une notoriété internationale grâce à son personnage Bip, qui voit le jour au Théâtre de Poche, le 22 mars 1947.

En 1955, il s’envole pour les Etats-Unis. La tournée, initialement prévue pour durer quinze jours, s’étend sur six mois. Broadway lui fait un triomphe, la presse américaine l'encense. Encore quelques années, et ce sera au tour du Japon de le sacrer « trésor national vivant ».

Mais Marceau ne veut pas seulement faire carrière. Il désire une postérité. En 1978, il fonde sa propre école de mimodrame dans les sous-sols du théâtre de la Porte Saint-Martin, où se pressent des élèves venus du monde entier. Prospère durant une vingtaine d’années, l’école amorcera cependant un déclin irréversible à partir des années 2000, jusqu’à sa fermeture définitive en 2005. Le 7 octobre de la même année, Marceau, âgé de 83 ans, donne une ultime représentation au Grand Auditorium de Caen, avant de s’éteindre deux ans plus tard, le 22 septembre 2007.

Dissémination du patrimoine ; fermeture de l’école ; décès de l’artiste. De Marceau, que peut-il bien rester après que le sort eût frappé ces trois coups, qui telle une réplique lugubre de ceux qui précèdent le lever de rideau, semblent conspirer à le refermer définitivement ? Certes, on a eu raison de signaler la reprise de telle mimique, de tel jeu de jambes, dans l’arsenal de certains comédiens ou chorégraphes. Mais Marceau était une présence à part entière, une présence féline, et nous aimerions parfois pouvoir communier dans l’étonnement d’Alice, lorsqu’elle observait avoir "souvent vu un chat sans sourire mais jamais un sourire sans chat".

Au cours d’un entretien, Marceau aurait déclaré "Le mime rend l'invisible, visible ; l'absent, présent." Par un habile détournement, Marceau prête à son art les vertus que dans un traité célèbre, Cicéron attribuait à l’amitié : "Grâce à l’amitié, les absents sont présents, les pauvres deviennent riches, les faibles ont des forces et – ce qui est plus difficile à imaginer – les morts vivent toujours…".

Par Amal Buziarsist. Réalisation : Assia Khalid. Mixage : Claire Levasseur. Liens internet : Annelise Signoret.

Un grand merci à Valérie Bochenek pour son aide, Anne Sicco pour son accueil et Jean-Pierre Burgaud et son film Le poids de l'âme pour leur précieux concours !

Liens :

Biographie et discours sur le site de l’Académie des Beaux-Arts (où il fut élu en 1991).

Marcel Marceau, leçon de silence : article de Michel Braudeau paru dans le Monde daté du 1er décembre 1997.

Marceau était un génie devenu mime : entretien avec Boiscommun et Jodorowsky autour de Pietrolino, album tiré du mimodrame conçu par Jodorowsky pour le mime Marceau

Entretien vidéo avec le mime Marceau, diffusé à la RTBF, dans le magazine L’œil écoute en novembre 1961.

Marcel Marceau et Mickael Jackson.

Site de l’association Un musée pour le mime dont la première exposition, Le Pouvoir du geste, a été consacrée à l’art du mime Marceau.

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