Clémentine Mélois : "Dans les romans-photos, il y a un faux qui ne fait pas semblant"

Clémentine Mélois - Benedicte Roscot
Clémentine Mélois - Benedicte Roscot
Clémentine Mélois - Benedicte Roscot
Publicité

Nous recevons la plasticienne et écrivaine à l’occasion de la parution de son livre "Les six fonctions du langage" aux éditions du Seuil. A partir de planches issues de romans-photos des années 1970 et 1980, l'auteure construit et réinvente des histoires humoristiques autour du thème du langage.

Avec

Clémentine Mélois, connue pour ses détournements de couvertures et d'objets, s'attaque ici au roman-photo. À partir de vraies planches qu'elle a retrouvées dans des romans photos des années 70 et 80, elle construit et réinvente, grâce à des dialogues dont elle a le secret, des histoires plus drôles les unes que les autres. Toutes les histoires tournent autour du langage au sens large. On retrouve ainsi les tics de la vie de bureau, ceux des agents immobiliers, le langage des ados ou même un curieux personnage qui répond au nom de Roland Barthes.

.
.

Extraits de l'entretien

Le roman-photo est une transcription imaginaire de conversation. C’est une forme qui m’intéresse depuis très longtemps. C’est une forme populaire avec des archétypes. Pour moi, c’est une tragédie grecque, une mise en scène des grands tourments de la vie quotidienne, comme  l’amour, la mort, la trahison. Ce sont toutes ces grandes thématiques, qui ne sont traitées que sous forme de dialogues. Ce sont des échanges entre des personnages, et je trouve que c’est une façon de raconter des histoires très singulière et très intéressante. Clémentine Mélois, artiste plasticienne et écrivaine

Publicité

J’ai une fascination pour les images qui racontent des choses. Il y a une potentialité de la narration et de l’histoire avec les images fixes qui est absolument infinie. Dans les romans-photos, il y a  un faux qui ne fait pas semblant, et j’aime ce côté artificiel, dans lequel on est tous ensemble dans une grande histoire. Clémentine Mélois, artiste plasticienne et écrivaine

L’idée de roman-photo est venue d’une collection de nouvelles phrases, que je continue d’enrichir, et qui n’auraient eu aucun sens il y a quelques années. C’est un décalage que je ressens en permanence. On est envahi par des tics et des nouvelles formes de langage, comme les expressions « au jour d’aujourd’hui, j’ai envie de dire », ou « j’avoue », et j’ai eu envie d’associer ces expressions avec des images très décalées : c’était une façon de pointer du doigt ce décalage. Ce livre est une sorte de panorama de la langue d’aujourd’hui. Ce qui m’intéresse, c’est le contexte dans lequel on dit les choses, et la façon dont on s’exprime. En fait, dans ce livre, j’ai voulu monter la linguistique, plutôt que de la définir. Je mets en scène ces théories du langage,  et on les comprend, simplement en regardant ces histoires. Clémentine Mélois, artiste plasticienne et écrivaine

Archives

Gébé, Antenne 2, 1979

Roman Jakobson, émission "Hommage à", France Culture, 1978

Raymond Devos, émission "Radioscopie", France Inter, 1973

Référence musicale

Rainbow Sahanan, Ne me brûle pas

Prise de son

Jean Frédérix

L'équipe