Marc Ferro, un historien face au cinéma

Marc Ferro participe à l'émission "Campus" sur France 2, le 13 mars 2003. ©AFP - JOEL SAGET
Marc Ferro participe à l'émission "Campus" sur France 2, le 13 mars 2003. ©AFP - JOEL SAGET
Marc Ferro participe à l'émission "Campus" sur France 2, le 13 mars 2003. ©AFP - JOEL SAGET
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Michel Ciment s'entretient avec Marc Ferro, cinéaste et historien, à l'occasion de la parution de ses deux derniers livres "Mes histoires parallèles : entretiens avec Isabelle Veyrat-Masson" et "Autobiographie intellectuelle ".

Avec
  • N.T. Binh Journaliste, critique, enseignant de cinéma (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
  • Marc Ferro Historien spécialiste de la Russie et de l’Union Soviétique

Pour ouvrir ce "Projection privée", l'historien Marc Ferro se souvient de ses premières séances de cinéma, avant-guerre, il y allait très souvent. Après-guerre, il appréciait les comédies américaines, "attendues comme la liberté", il n'avait pas un goût d'amateur ni de spécialiste. A Oran, il fréquentait le ciné-club mais n'intervenait pas, il y assistait comme simple spectateur..

J'allais voir les films en fonction des comédiennes qui me plaisaient plus que d'autres. J'ai eu donc plusieurs amours successifs : Danielle Darrieux, Micheline Presle, Lauren Bacall.

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En tant qu'enseignant au lycée au tout début des années 1960, il comprend que la télévision est "un concurrent" pour son enseignement de l'Histoire. Quand il commence à travailler à la réalisation de documentaires historiques, il s'interroge sur la différence d'écriture entre un film pour la télévision et un film pour le cinéma.

Je n'ai jamais revendiqué d'être cinéaste alors que j'ai fait beaucoup de films de télévision.

Il passe en revue différents films documentaires qui ont influencé son écriture filmique, comme la place des commentaires et l'introduction de témoins. Puis il a en tête de se servir "des films de fiction pour analyser les phénomènes historiques". "Faire sentir la nouveauté de ce que le film de fiction pouvait apporter à l’intelligibilité de l'Histoire", n'a pas été forcément bien perçu de la part de la communauté des historiens.

Les films documentaires reproduisaient d'une certaine façon de l'histoire officielle, de la contre-histoire... mais les films de fiction, c'était un trésor dont on n'avait jamais vu la qualité pour comprendre les événements historiques.

Le cinéma a le plus traité des faits divers pour nous expliquer certaines situations historiques que jusque là on n'avait pas forcément abordées. Le cinéma a été une voie royale pour élargir le champ de l'analyse historique.

Marc Ferro dit se considérer comme un tenant de l'histoire expérimentale, car il "essaye de faire des démonstrations et pas seulement de raconter l'Histoire." L'histoire événementielle est pourtant nécessaire pour le grand public, reconnaît-il, c'est la matrice et la mémoire populaire.

Ses derniers ouvrages parus :

« Mes histoires parallèles : entretiens avec Isabelle Veyrat-Masson », éditions Carnets Nord (avril 2011)

« Autobiographie intellectuelle » avec Gérard Jorland, éditions Perrin (avril 2011)

Le Conseil de la semaine : N.T. Binh  pour « La forêt interdite » de Nicholas Ray, un DVD Wild Side.

Jaquette
Jaquette

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