Césaire le politique : épisode • 3/4 du podcast La parole essentielle d'Aimé Césaire

Aimé Césaire, écrivain et maire de Fort-de-France (1985) ©Getty - Philippe Giraud/Gamma-Rapho
Aimé Césaire, écrivain et maire de Fort-de-France (1985) ©Getty - Philippe Giraud/Gamma-Rapho
Aimé Césaire, écrivain et maire de Fort-de-France (1985) ©Getty - Philippe Giraud/Gamma-Rapho
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La compagnie des œuvres retrace aujourd’hui le parcours politique d’Aimé Césaire. Chantre de la négritude, il lutta pour changer le monde en poète aux armes miraculeuses, mais également en homme politique, endossant cinquante-six ans durant la fonction de maire de la Martinique.

Avec
  • Pierre Benetti co-directeur éditorial du journal En attendant Nadeau
  • Kora Véron Chercheuse et responsable du groupe Aimé Césaire de l'Institut des textes et manuscrits modernes (ITEM)

Lorsqu’Aimé Césaire regagne la Martinique au terme de huit ans d’absence, la Deuxième Guerre mondiale gronde. Nous sommes en 1939. L’amiral Robert, nommé par Pétain, tient le peuple martiniquais sous son joug. En réaction, Césaire fonde la revue Tropiques aux côtés de son épouse, l’écrivaine Suzanne Césaire, et du philosophe René Ménil. Ensemble, ils entreprennent de dessiner la carte d’un Nouveau Monde international, une Caraïbe nourrie d’un savoir encyclopédique. Césaire travaille à la même époque à la composition d’une tragédie, Et les chiens se taisaient... Il y met en scène sans le nommer Toussaint Louverture, général haïtien et protagoniste légendaire de la lutte contre l’esclavage à la fin du XVIIIe siècle. La venue à l’écriture dramaturgique, plus proche selon lui du peuple que la poésie, car faite d’une langue plus simple, coïncidera avec son entrée en politique. En 1945, il est élu maire de Fort-de-France, capitale de l’île. Cinq ans plus tard, il prononce son célèbre et controversé Discours sur le colonialisme

21 min

De la nature de ce discours, de l’engagement de Césaire au Parti communiste français et de son départ à grand fracas en 1956, du lien chez lui entre poésie et vie civique, de la vie politique aux Antilles dans laquelle il s’inscrivit en tant que maire, puis député de la Martinique, Matthieu Garrigou-Lagrange s’entretient aujourd’hui en compagnie de Kora Véron_. C_hercheuse attachée à l’Institut des Textes et Manuscrits modernes (l’ITEM) où elle dirige le groupe « Aimé Césaire », elle est également autrice d’un essai biographique sur l’écrivain aux éditions du Seuil. 

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En juin 1932, des dissidents de la Revue du monde noir, dirigée par Paulette Nardal, fondent la revue Légitime défense et se déclarent communistes, marxistes et surréalistes. Césaire regarde cela avec beaucoup d'intérêt, mais considère leur démarche comme une autre forme d'assimilation. Il a en horreur les étiquettes et l'idée qu'on puisse l'enfermer dans un mouvement littéraire. Par conséquent, il revendique une originalité, mais qui passe bien entendu par des moyens poétiques qui peuvent s'assimiler au surréalisme, dans le sens où ils requièrent une plongée dans l'inconscient. Du reste, quand on lit attentivement Césaire, on voit qu'il a été influencé par Apollinaire, Rimbaud et les surréalistes. (Kora Véron)

Il ne faudrait pas réduire Césaire à la notion de négritude, dont il a jeté les fondements avec Senghor et Damas. C'est une démarche qui correspond à un moment bien précis de son histoire. Il a cependant dû renouer avec par la suite, lorsqu'il a été attaqué par le mouvement de la créolité, qui cherchait à rompre avec la référence africaine et lui reprochait d'être anti-créole. Sa conception de la négritude n'est pas non plus essentialiste, contrairement à celle de Senghor. Sa condition de noir est pour lui une condition historique. (Kora Véron)

Retrouvez en cours d'émission la chronique de Pierre Benetti, du journal en ligne En Attendant Nadeau

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)

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