Estival Camus : rencontre avec Catherine Camus

Albert Camus et son épouse Francine Faure, parents de Catherine Camus, interrogés par un journaliste après l'annonce de l'obtention du Prix Nobel en 1957 ©Getty - Bettmann
Albert Camus et son épouse Francine Faure, parents de Catherine Camus, interrogés par un journaliste après l'annonce de l'obtention du Prix Nobel en 1957 ©Getty - Bettmann
Albert Camus et son épouse Francine Faure, parents de Catherine Camus, interrogés par un journaliste après l'annonce de l'obtention du Prix Nobel en 1957 ©Getty - Bettmann
Publicité

Catherine Camus est la fille d'Albert Camus. Elle est, avec son frère jumeau Jean, ayant-droit de son œuvre et consacre sa vie à la gérer. Elle évoque cette filiation riche et douloureuse à travers l'œuvre généreuse et protéiforme de son illustre père.

Avec

Né en Algérie en 1913, alors département français, issus d'une famille pied-noir pauvre, Albert Camus est très attaché à cette terre de soleil qui évoque pour lui la pensée de midi. Une image inspirée de la pensée grecque antique et qui vient souligner un tragique solaire. C'est ce même soleil du midi, incarnant la tension en même temps que l'équilibre entre des pôles contradictoires, que Camus retrouve dans le Vaucluse que lui fait découvrir son ami René Char. En 1957, après avoir reçu le prix Nobel de littérature, il consacre une partie du chèque afférent au prix à l'achat d'une ancienne magnanerie à Lourmarin, non loin de l'Isle-sur-la-Sorgue où demeure Char.

La lumière à Lourmarin est très spéciale. C'est comme s'il y avait des facettes brillantes mais qui ne brillent pas. (Catherine Camus)

Publicité
La maison de l'écrivain Albert Camus à Lourmarin, dans le Vaucluse, France, achetée en 1958
La maison de l'écrivain Albert Camus à Lourmarin, dans le Vaucluse, France, achetée en 1958
© Getty - Marc Tulane

Mon père [Albert Camus] disait que rien n'est vrai qui n'oblige à exclure. [...] Parce que si vous rejetez un terme de la contradiction, vous allez être amputé. (Catherine Camus)

C'est là que réside toujours Catherine Camus, qui gère l'immense œuvre de son père. Cet héritage est pourtant incomplet, puisque Camus est mort avant de pouvoir finir son roman autobiographique, plus tard baptisé Le premier homme (Gallimard). Il revient sur sa jeunesse algérienne à mesure que le midi ravive les souvenirs de son enfance. Le manuscrit, bien qu'inachevé, est publié à titre posthume et vient clarifier la position de Camus sur l'Algérie à un moment où la tension atteint son comble. Camus, brouillé avec Sartre, est en effet honni de toutes parts pour son rejet de l'indépendance algérienne et sa condamnation du colonialisme. Le premier homme rappelle la complexité de la situation : Camus n'est pas un Pied-noir colonisateur et exploiteur qu'il serait facile de détester, il est issu d'un milieu extrêmement pauvre. Le roman souligne une sociologie complexe autant qu'il replace Camus dans son rôle d'écrivain engagé.  

Papa ne fuyait jamais. Il faisait face. C'était une chèvre. (Catherine Camus)

La Grande table idées
33 min

Extraits sonores

  • "Je n'ai jamais pu renoncer à la lumière" : extrait du discours de réception du Prix Nobel d'Albert Camus en 1957
  • "Dans mon pays" : lecture de René Char de son poème "Qu'il vive !", extrait de "La Sieste blanche" dans Les Matinaux 
  • Camus et le métier d'écrivain, conférence donnée en janvier 1958
  • Lecture par Charles Berling d'un extrait du livre Le Premier homme d'Albert Camus (France Culture, 27 juin 2020)

L'équipe