Un pacifiste de la première heure : épisode • 1/5 du podcast Avoir raison avec... Noam Chomsky

Noam Chomsky à la Bibliothèque universitaire de Boston pour une intervention autour sur la guerre civile au Laos en février 1971 ©Getty - Cary Wolinsky/The Boston Globe via Getty Images
Noam Chomsky à la Bibliothèque universitaire de Boston pour une intervention autour sur la guerre civile au Laos en février 1971 ©Getty - Cary Wolinsky/The Boston Globe via Getty Images
Noam Chomsky à la Bibliothèque universitaire de Boston pour une intervention autour sur la guerre civile au Laos en février 1971 ©Getty - Cary Wolinsky/The Boston Globe via Getty Images
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La figure intellectuelle et publique de Noam Chomsky émerge dans les années 60, sur les cendres de la vieille gauche américaine décimée par le maccarthysme. Il sera parmi les premiers à soutenir les mouvements de dissidence au sein de l’armée, contre la guerre du Vietnam.

Avec
  • Ambre Ivol Maîtresse de conférences en civilisation des Etats-Unis à l’université de Nantes
  • Romain Huret Historien des Etats-Unis, président de l’EHESS

Il est rare qu’Avoir raison avec s’intéresse à des figures encore vivantes de la pensée ; plus rare encore que l'émission se consacre à des personnalités aussi controversées que Noam Chomsky.

Chomsky, on l’adore… ou on le hait. Même si on ne l’a pas lu.

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Quoiqu’il en soit, on ne peut pas avoir lu tout Chomsky, tant l’homme est prolifique, et aujourd’hui encore à bientôt 93 ans. Fécond, et complexe : Chomsky est d’abord un linguiste, père de la grammaire générative ; c’est aussi un économiste, un politiste, un critique des médias (la Fabrication du consentement paru en 1988 est son œuvre la plus étudiée)...

Il est aussi un militant.  Pas seulement ce militant intransigeant et rigide de la liberté d’expression qui a défendu l’indéfendable : le droit à s’exprimer du négationniste Robert Faurisson… C’est surtout un militant de la paix. Figure intellectuelle et politique qui s’est forgée à la fin de la Seconde guerre mondiale et surtout pendant la guerre du Vietnam, son apport est monumental pour la pensée critique de ce dernier demi-siècle.

Partout où il va Noam Chomsky, continue à faire salles combles… en 2010 à Paris, il avait fallu installer des hauts-parleurs dans la rue, devant le Collège de France tant étaient nombreux ceux qui voulaient assister à sa conférence.

Au cours de ces cinq épisodes nous évoquerons donc ses fulgurances, aussi bien que ses ambivalences ou ses errements… Sans jamais lui faire dire ce qu’il n’a pas dit.

"Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, Noam Chomsky a 13 ans et il a déjà développé une conscience politique et une analyse du fascisme. Il a écrit son premier article à 10 ans sur la défaite de Barcelone dans le contexte de la guerre civile espagnole. Noam Chomsky fait partie d’un milieu juif immigré, modeste et extrêmement cultivé. Il est déjà inséré dans les réseaux sionistes de gauche." Ambre Ivol

"À la fin des années 40, le mouvement pacifiste ne va pas très bien. Il sera très largement décimé par le maccarthysme, qui va attaquer en profondeur tous les opposants à la guerre froide. La tradition pacifiste, très présente sur les campus dans les années 30, sera décimée car on va accuser les militants de manquer de patriotisme. Progressivement, la guerre du Vietnam permettra à ces oubliés des années 50 de retrouver une seconde jeunesse, et Chomsky deviendra un des leaders de l’anti-bellicisme américain des années 60." Romain Huret

"Au sein de ce mouvement anti-guerre extrêmement diversifié, très hétérogène et riche aussi dans ses formes d'expérimentation qui se déclinent sur plus d'une décennie..., il y a deux "ailes". Il y a l'aile radicale, incarnée par Chomsky et Howard Zinn et d'autres, dont l'implication remonte au début des années 60. Ce sont des personnes qui sont pour l'arrêt unilatéral des bombardements, pour un retrait immédiat des troupes américaines de l'Asie du Sud-Est et du Vietnam en particulier. L'aspect moral est extrêmement important dans leur grille de lecture, avec une légitimité considérée comme indiscutable du combat nationaliste vietnamien. Il s'agit pour eux d'analyser l'interventionnisme militaire étasunien sur le temps long de l'histoire de cette nation. L'autre aile et plus libérale et se préoccupe davantage du coût de la guerre." Ambre Ivol

À réécouter : Paroles de Noam Chomsky
Le Journal de la philo
5 min

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