La rumba congolaise, une odyssée

Papa Wemba en concert à Central Park, New-York, 1990 ©Getty - Jack Vartoogian
Papa Wemba en concert à Central Park, New-York, 1990 ©Getty - Jack Vartoogian
Papa Wemba en concert à Central Park, New-York, 1990 ©Getty - Jack Vartoogian
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Résultat d'une épopée musicale et culturelle qui relie les deux rives de l'Atlantique, la rumba congolaise a fait son entrée au patrimoine mondial de l'Unesco en décembre 2021. Il était temps.

Elle est née sur les rives du fleuve Congo, ou peut-être même avant dans les docks du port de la Havane. Elle a voyagé dans les cargos transatlantiques et a grandi sur les trottoirs du quartier Matonge à Bruxelles. On l’a jouée avec ferveur dans les club de Tokyo, elle a même eu son moment de gloire aux Etats-Unis au moment du Superbowl en 2010 après avoir fait un détour par la Colombie. Se plonger dans l'histoire de la rumba congolaise c’est faire le récit d’une odyssée. Comme toute mythologie, elle a ses dieux : Papa Wemba, Franco, Le Grand kallé, Koffi Olomidé et ses sous genres : le soukous, le tokoss ou encore le champeta.

L'hymne de l'indépendance : 

Indépendance Cha cha est sans doute le son le plus célèbre de la rumba congolaise. Il a été composé par L'African Jazz, l'un des plus grands orchestres de rumba de Kinshasa, en marge de la table ronde de 1960 qui a annoncé l'indépendance du Congo. Cette chanson est emblématique car elle écrit l'histoire politique d'un pays qui s'affranchit de la tutelle du colonisateur belge. Cette rumba est dite "congolaise" pour la différencier de la rumba "mère" née à Cuba entre la fin du XVIIIème siècle et le début du XIXème siècle.

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Le Groupe African Jazz dans les années 60
Le Groupe African Jazz dans les années 60
© AFP - Alexis Huguet

Le deuxième âge d'or de la rumba :

A l'aube des années 70, c'est le deuxième âge d'or de la rumba congolaise grâce aux échanges entre les musiciens congolais et les musiciens occidentaux. Les orchestres se multiplient et d'autres musiciens commencent à prendre le relais des anciens toujours présents. Il y a ceux qui restent à Kinshasa et puis ceux qui partent en tournée dans le monde entier. Résultat : les musiciens se forment, mettent en commun leurs savoirs, nouent des amitiés et peuvent même emprunter des traditions musicales des pays qu'ils visitent.

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Papa Wemba, roi incontesté du genre

«  Chères mères, chers pères, chers frères et sœurs, chers amis, aidez-moi  jusqu’à ce que j’atteigne les sommets les plus hauts pour que je demeure toujours en haut » implore Papa Wemba dans son titre Analengo en 1981. Celui qui se faisait appelé Jules Presley à ses débuts, en hommage à Elvis, a déjà marqué l'histoire de la rumba avec son passage dans la formation mythique, Zaiko Lenga Lenga. Il a fondé sa propre formation, Viva La Musica et avec Analengo, il vient d'être adoubé par Franco qui domine le genre à l'époque. Après la mort du sorcier de la guitare, Papa Wemba devient le roi incontesté du genre.

Programmation musicale et archives :

  • Grand Kallé et L'African Jazz, Independance chacha, 1960
  • Archive : Petit Pierre Yantula et le journaliste Muzembe Kamanda Wa sur la création de la chanson “Indépendance Cha cha”, émission Invité d'Afrique, RFI, 2020
  • Archive : Ray Lema sur les caractéristiques de la rumba congolaise, émission Invité d'Afrique, RFI, 2021
  • Antonio Machin, Don Azpiazu et son orchestre Havana Casino, El Manisero, 1940 
  • Wendo Kolosoy, avec l’orchestre Beguen Band, Marie Louise, 1958
  • Archive : Patrice N'go, membre fondateur du groupe Kékélé sur la rumba congolaise comme première musique d’une métropole africaine, émission Équinoxe, France Culture, 2002
  • Bowane, Nyokuma, 1950
  • Franco et l'OK Jazz, Finga mama munu, 1966
  • Franco, Likambo Ya Ngana, 1972
  • Zaïko Langa Langa, Saloti, 1976
  • Analengo, Papa Wemba, 1981 
  • Yoka Choc Nippon, Bana Kinshasa, en live au Japon, 1994
  • Fally Lpupa feat. Dadju, Un coup, 2020
  • Tabu Ley Rochereau, Lal’aby (reprise de Let it be des Beatles)
  • Tabu Ley Rochereau, Seli-Ja, 1993
  • Shakira, Waka waka, 2010  
  • Archive : Koffi Olomidé sur l'absence de concurrence entre les musiciens congolais, émission Couleurs tropicales, RFI, 2002  
  • Koffi Olomidé, Droit de veto, 1998

Merci à Ingrid Anne Lecointe pour les archives de l'INA, à Emilie Berthod et à Pierre Plantin pour la documentation musicale

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