Dernière virée au Bus Palladium

Façade du bus palladium ©AFP - Crédit LOIC VENANCE
Façade du bus palladium ©AFP - Crédit LOIC VENANCE
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La série musicale s’offre une dernière virée au Bus Palladium, qui vient de vivre sa dernière nuit !

Près de 60 ans après sa fondation légendaire, le Bus Palladium, petite salle mythique de la rue Fontaine à Pigalle a définitivement fermé ses portes et va sans doute bientôt se transformer en hôtel. Alors un hommage s’impose car le génie du lieu c’est d'avoir compris et pressenti deux phénomènes majeurs du XXe siècle : l’émergence d’un groupe d'âge qui a des besoins et des envies : les fameux jeunes, adolescents et banlieusards, et celle de la musique qui est née par eux et pour eux, le rock.

C'est au Palladium que l'on peut danser ce que l'on veut

En 1966, Liz Brady, jeune espoir du rock'n'roll chante le Palladium et tout Paris en parle. La chanson est assez exceptionnelle. Elle met en scène dans le son ce qu’elle promet "Allez au Palladium et vous verrez". Cette année là, il n’y a pas une ni deux, ni trois mais quatre chansons qui paraissent et mentionnent le Palladium. Pourtant, cette petite salle de la rue Fontaine, entre Montmartre et Pigalle n’a ouvert que quelques mois auparavant. Sa décoration est simple, pour ne pas dire inexistante. Mais alors pourquoi est-ce que tout le monde en parle ? Parce tout le monde peut y aller. La France de l’après-guerre découvre l’adolescence. Le baby boom a donné naissance à une génération entière de jeunes qui ne comprennent pas leurs parents, rendus trop vite adultes par la guerre. La France est en pleine croissance mais la vie reste dur dans les banlieues parisiennes qui ne sont pas encore desservies par le RER. Les jeunes s’ennuient, font des bêtises et les blousons noirs imitent leur idoles. Donc avant d’être une salle de concert, le Bus Palladium est surtout une vision presque sociale, née de l'esprit de l'entrepreneur James Arch qui comprend le désarroi de tous ces jeunes et pour cause, il a à peine 21 ans.

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Les bus d'acier

Dix ans après l’ouverture du Palladium, le rock français traverse un passage à vide : les pionniers ont bifurqué vers le blues ou la variété. Plusieurs groupe comme Ange ou Magma restent populaires mais ne reçoivent aucune promotion de leur maison de disque et n'ont de ce fait aucune reconnaissance médiatique en radio ou télévision. L'explosion du mouvement punk en Grande Bretagne change cet état de fait et le groupe Téléphone en sera le principal bénéficiaire. Ce n’est pas un hasard si le tout premier EP du groupe Hygiaphone est enregistré en live au Bus Palladium en 1977. Six ans plus tard, pour pallier le manque d’intérêt de la presse pour le rock français, le Bus et la Sacem s’allient pour créer "les Bus d’acier" qui, cinq ans avant la création des Victoires de la musique, devient la première récompense officielle en matière de rock. Elle joue un rôle déterminant pour affirmer la spécificité du genre en France. La toute première récompense ira à la chanson rock d’Alain Bashung, qui essuie le mépris d’une presse entièrement acquise à la cause des anglo-saxons. Mais les Bus d’acier sont lancés. Ils vont régler les figures les plus marquantes des années 80 : d’Indochine à Kat Onoma en passant par Carte de séjour.

Esprit des lieux
29 min

Références musicales et archives :

  • Liz Brady, Le Palladium, 1966
  • Archive : James Arch raconte la genèse du projet du Bus Palladium, émission "Le Bus Palladium", France Culture, 2005
  • Rolling Stones, Satisfaction, 1965
  • Archive : Régine critique James Arch (non sourcée)
  • Félix Mayol, Viens poupoule
  • Archive : Reportage au bus palladium dans l'émission "Vingt ans de la chanson", ORTF, 1966
  • Léo Ferré, Le Palladium, 1966
  • Archive : James Arch sur les garçons qui fréquentent le Bus Palladium, ORTF, 1966
  • Téléphone, Hygiaphone, 1966
  • Archive : Alain Bashung sur son Bus d'acier pour Pizza (non sourcée)
  • Étienne Daho, Sortir ce soir, 1984
  • Archive : Rachid Taha qui évoque le Bus d'acier pour Carte de séjour, 1987

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